Le gouvernement allemand a annoncé jeudi l'interdiction totale sur son territoire des activités du puissant mouvement chiite libanais Hezbollah, réclamée avec vigueur par les Etats-Unis et Israël, et ordonné des perquisitions dans plusieurs mosquées.
Jusqu'à présent seules les activités de la branche militaire du Hezbollah, considérée comme un mouvement terroriste par tous les pays de l'Union européenne, étaient bannies, mais pas celles de sa branche politique qui organise notamment des manifestations ou actions anti-israéliennes régulières.
Le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer «a interdit aujourd'hui l'activité de l'organisation terroriste chiite Hezbollah en Allemagne», a annoncé l'un de ses porte-parole, Steve Alter, sur Twitter.
«Depuis l'aube plusieurs actions de police sont menées dans diverses régions», contre des établissements liés au mouvement, a ajouté le porte-parole.
Plusieurs centaines de policiers mobilisés
Il s'agit notamment de la mosquée Al-Irschad à Berlin, où une quinzaine de véhicules de police étaient stationnés à proximité et où l'on pouvait voir des policiers la tête couverte de cagoules noires entrer et sortir de l'édifice.
Des actions ont aussi été menées à Brême dans le Nord du pays et à Münster ainsi que dans un «centre pour émigrés libanais» à Dortmund dans l'Ouest de l'Allemagne, selon les médias allemands Bild et Spiegel.
Plusieurs centaines de policiers au total ont été mobilisés.
«Le Hezbollah est une organisation terroriste qui a commis un grand nombre d'attentats et d'enlèvements dans le monde», a justifié le ministre allemand de l'Intérieur dans le quotidien Bild.
«Ses activités illégales et la préparation de ses attentats se déroulent aussi sur le sol allemand», a ajouté Horst Seehofer.
Israël, «profondément reconnaissant»
En Allemagne, les autorités évaluent à un millier environ le nombre de ses membres, que le Renseignement intérieur accuse d'organiser des collectes de soutien, de recruter des sympathisants et d'organiser des manifestations appelant à la destruction d'Israël.
Le chef de la diplomatie israélienne Israel Katz s'est félicité, estimant «qu'il s'agit d'une décision très importante, d'une étape importante et significative dans la lutte globale conte le terrorisme». Il a exprimé sa «profonde gratitude» au gouvernement allemand.
«Je suis convaincu que plusieurs gouvernements au Moyen-Orient ainsi que des milliers de victimes de la terreur du Hezbollah se félicitent de cette décision», a ajouté le ministre israélien, en exhortant les "autres pays européens" et l'UE à emboîter le pas à l'Allemagne.
L'ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne, également directeur par interim du Renseignement américain, Richard Grenell, a pour sa part «applaudi» l'interdiction et jugé que le "Hezbollah ne peut être autorisé à utiliser l'Europe comme refuge pour soutenir le terrorisme en Syrie et dans tout le Moyen-orient".
Dans une déclaration transmise à l'AFP, M. Grenell a aussi «appelé les autres Etats de l'Union européenne à prendre des mesures similaires» et à «interdire le Hezbollah dans son intégralité».