L’Allemagne prévoit de renforcer le contrôle qu’elle exerce sur les fournisseurs de réseaux de télécommunications, une décision qui devrait complexifier l’accès de l’équipementier chinois Huawei au plus grand marché d’Europe.
Reuters
Un accord de principe a été conclu pour étendre la surveillance des fournisseurs de réseaux d’accès radio qui alimentent les services de téléphonie mobile de cinquième génération (5G) en Allemagne, ont déclaré mercredi des sources au sein du gouvernement d’Angela Merkel.
Le ministère de l’Économie a toutefois indiqué que les discussions sur le nouveau régime réglementaire proposé «se poursuivaient et n’étaient pas achevées».
Pressés par les États-Unis, qui soupçonnent Huawei d’espionnage au profit de la Chine, les gouvernements européens ont récemment réexaminé le rôle du groupe chinois dans la construction de leurs réseaux télécoms.
Selon un haut responsable américain, restreindre l’accès de Huawei au marché allemand est l’approche à adopter.
«Nous voyons les choses évoluer dans la bonne direction en Allemagne … Il n’y a vraiment pas d’avenir possible avec Huawei», a affirmé mercredi le sous-secrétaire d’État américain pour la croissance économique, l’énergie et l’environnement Keith Krach, exhortant Berlin à bannir le fournisseur chinois de ses réseaux 5G.
Huawei, qui n’a pas souhaité commenter, a néanmoins rappelé son expertise et la transparence dont il a toujours fait preuve avec les autorités du pays.
«Nous ne voyons aucune raison compréhensible de restreindre notre accès au marché», a dit le porte-parole allemand du groupe.
Si l’Allemagne n’a pas officiellement exclu Huawei de ses réseaux 5G comme l’a fait la Grande-Bretagne, les étapes administratives qu’elle lui imposerait pourraient bien finir par l’étouffer.
«Le résultat final est le même», a déclaré à Reuters un haut responsable de la sécurité.
Jugements politiques
Le renforcement de la surveillance impliquerait des services de renseignement et de cybersécurité allemands qu’ils évaluent les fournisseurs de réseaux télécoms en continu, sous réserve de l’opinion donnée par les principaux départements du gouvernement, selon des sources.
L’accord de principe doit encore être formellement rédigé.
«Nous espérons que le conseil des ministres pourra l’adopter en octobre, ou au plus tard en novembre», a déclaré une source au sein de la coalition d’Angela Merkel.
Les opérateurs de réseaux mobiles allemands Deutsche Telekom, Vodafone et Telefonica Deutschland, qui sont tous trois des clients de Huawei, ont fait savoir que le remplacement de leurs équipements serait coûteux.
Le réseau 5G que construit par ailleurs Deutsche Telekom en Allemagne à partir de nombreux équipements Huawei devrait être en grande partie terminé d’ici l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la sécurité informatique.
Huawei détient 28% du marché mondial des infrastructures de télécommunications, suivi par Nokia et Ericsson avec respectivement 15% et 14% des parts, selon le cabinet de conseil Dell’Oro.