Le choc du Brexit

On s'est tous endormi avec la conviction que le IN allait l'emporter avec plus ou moins d'avance et l'on se réveille ce matin avec un Brexit.

Par Anthony Bellanger.


"Le choc du Brexit" (Géopolitique) par franceinter
L'essentiel, c'est de comprendre ce qui s'est passé.

Et l'on a commencé à comprendre lorsque même Londres a renvoyé des chiffres inquiétants, à savoir un vote OUT beaucoup plus important que prévu. Alors, c'est vrai que l'on ne répond jamais vraiment à la question que posent les référendums.

Et celui-là ne fait pas exception. Les Britanniques d'habitude si raisonnables, si pragmatiques auraient dû, selon les commentateurs si raisonnables, si pragmatiques, se ranger derrière l'évidence : le bien du Royaume-Uni, selon eux, c'était d'en être.

Après tout, tout va si bien, dans le Royaume-Uni de Sa Gracieuse Majesté Elisabeth II. Le taux de chômage est si bas, l'économie est si flamboyante, le taux de croissance si élevé et en plus, on vient de fêter les 90 ans de la Reine. Que demande le peuple ?

Eh oui, que demande-t-il ?

Il veut qu'on le protège, il veut un système de sécurité sociale qui fonctionne et qui ne soit pas constamment sous la pression des coupes budgétaires, il veut travailler décemment sans être constamment sous la pression d'un renvoi facilité.

Il veut être logé sans avoir à débourser des sommes folles en loyer ou sans devoir quitter son quartier sous la pression de la spéculation immobilière, comme c'est le cas à Londres. Il veut que la fameuse croissance lui profite.

C'est donc bien, comme l'indique le Sun, a une révolte par les urnes, de la classe ouvrière à laquelle on assiste. Laissez-moi vous donner un exemple qui m'a frappé.

Lors de la campagne municipale à Londres, il y a quelques mois, l'objectif des deux principaux candidats était de construire 50 000 logements sociaux par an. C'est-à-dire de doubler le rythme annuel de construction.

Londres, c'est 8,5M d'habitants. Or, 50 000 logements, c'est ce que construit la Région parisienne, Paris compris, et ses 12M d'habitants dans les mauvaises années ! A Londres, certains en sont à partager des chambres à plusieurs, tant les loyers sont élevés.

On vous sent un peu en colère...

Oui, pour plusieurs raisons. La 1ère, c'est que si les politiques ne sont pas contents avec ce résultat, il ne fallait pas poser la question. La seconde, c'est qu'ils n'ont rien vu venir. Asphyxiés par des chiffres qui ravissent les forums économiques, ils n'ont pas vu la souffrance des ouvriers et des employés britanniques.

La dernière raison de ma colère, c'est qu'en France non plus on ne voit rien venir. Dans toute l'Europe, ce vent de contestation prend des proportions dantesques. En Espagne, dans quelques jours, c'est Podemos qui devrait réaliser un score historique.

En Italie, c'est le mouvement 5 étoiles qui a le vent en poupe et vient de remporter Rome et Turin au nez et à la barbe du si télégénique Matteo Renzi. En Autriche, c'est l'extrême droite qui a bien failli renverser la table en rassemblant à quelques milliers de voix près la moitié de la population.

Partout la même colère, partout la même révolte par les urnes et partout la même impassibilité des partis traditionnels de gouvernement qui, en France, s'apprêtent à rejouer le match de 2012 alors qu'il faudrait un aggiornamento.

Quelles conséquences pour la Grande-Bretagne ?

A court terme, une chute de la livre £ ! Mais justement : cette chute de la £ pénalise d'abord ceux que les électeurs britanniques ont voulu punir : les happy few, ceux qui ont les moyens de voyager, qui vivent à l'étranger, qui donc changent leur £ contre des €.

Les ouvriers et les salariés britanniques, eux, ceux qui passent leurs maigres vacances au pays, qui sont payés en £ et qui n'ont pas de résidences secondaires en Espagne ou en Dordogne, ceux-là n'en souffriront pas. Ou en tout cas, pas tout de suite.

 

Source : France Inter

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