Donald Trump a annoncé suspendre temporairement l'immigration aux Etats-Unis pour protéger les emplois des Américains et l'économie du pays, aujourd'hui le plus touché par la pandémie.
Le président Trump a déclaré lundi qu'il avait l'intention de fermer les États-Unis aux personnes qui tentent d'immigrer dans le pays pour y vivre et y travailler, une mesure radicale qui, selon lui, protégerait les travailleurs américains de la concurrence étrangère une fois que l'économie nationale commencerait à se remettre du confinement.
«A la lumière de l'attaque de l'Ennemi Invisible, et face à la nécessité de protéger les emplois de nos GRANDS citoyens américains, je vais signer un décret présidentiel pour suspendre temporairement l'immigration aux Etats-Unis», a tweeté Donald Trump.
Le coronavirus, qu'il qualifie «d'ennemi invisible», a déjà tué plus de 42.000 personnes aux Etats-Unis, nouvelle ligne de front de la maladie. Près de 22 millions d'Américains ont perdu leur travail en raison de l'épidémie.
Depuis son apparition en décembre dans le centre de la Chine, le Covid-19 a fait au moins 167.594 morts dans le monde. La Chine a jugulé la maladie, qui a ensuite frappé l'Europe (deux tiers des décès dans le monde) et aujourd'hui les Etats-Unis.
Trop de pétrole
Donald Trump, candidat à sa réélection en novembre 2020 et dont la limitation de l'immigration est un des habituels chevaux de bataille, n'a donné aucun détail sur la manière dont il entendait appliquer cette mesure, et pour combien de temps. Mais il pourrait signer un décret en ce sens dès mardi, selon le Washington Post.
Face à l'expansion de l'épidémie, il avait dès janvier restreint les déplacements avec la Chine, avant d'interdire les voyages entre les Etats-Unis et la plupart des pays européens à la mi-mars.
Donald Trump s'est depuis montré impatient de relancer la machine économique face aux efforts déployés pour lutter contre la maladie et a encouragé les manifestants en colère contre les mesures de confinement dans certains Etats.
Cette annonce intervient alors que le pétrole a connu lundi un effondrement historique: le cours du baril à terme est passé en-dessous de zéro pour la première fois, conséquence d'une chute vertigineuse de la demande et des réserves américaines proches de la saturation.
Le prix du baril américain de pétrole brut coté à New York pour livraison en mai s'est ainsi effondré à -37,63 dollars: ces barils américains ont perdu toute leur valeur et les investisseurs souhaitant s'en délester n'ont d'autre choix que de mettre la main à la poche pour trouver preneur.
Le cours de l'or noir s'est toutefois redressé mardi matin en Asie en revenant légèrement au-dessus de zéro.
«Le problème c'est qu'en ce moment dans le monde, personne ne conduit de voiture», a résumé à sa manière le président américain Donald Trump. «Les usines sont fermées et les commerces sont fermés».
Le coût économique s'annonce énorme
Au moins 4,5 milliards de personnes dans 110 pays ou territoires vivent aujourd'ui confinées ou contraintes de limiter leur déplacement pour tenter d'endiguer la propagation du Covid-19, soit près de six humains sur dix (environ 58%).
Au-delà du drame humain et sanitaire, le coût économique s'annonce énorme pour un monde moderne ultra-connecté, qui vit au rythme des indices de croissance. L'impatience gagne également des populations forcées de se cloîtrer, dans un confort relatif en Europe, mais dans la pauvreté et la misère sur d'autres continents.
En Europe, plusieurs pays - Allemagne en tête, mais aussi Autriche, Norvège, Danemark - ont commencé à assouplir les mesures de confinement, tout en conservant des mesures de «distanciation sociale».
Mais «aller trop vite serait une erreur, c'est ce qui m'inquiète», a souligné la chancelière allemande Angela Merkel, qui a appelé à maintenir la discipline. «Nous sommes au début de la pandémie et nous sommes encore loin d'être sortis de l'auberge», a-t-elle déclaré.
La célèbre Fête de la bière de Munich, prévue cette année du 19 septembre au 4 octobre, est annulée, ont d'ailleurs annoncé mardi les autorités locales. «Les risques étaient tout simplement trop élevés» avec plus de 6 millions de visiteurs attendus, dont un tiers venant de l'étranger et d'Asie en particulier, ont-elles jugé.
C'est une première depuis la Seconde Guerre mondiale, mais cette gigantesque fête, «célèbre» aussi pour ses excès liés à l'abus d'alcool, avait déjà été victime d'une épidémie: entre 1854 et 1873 elle n'avait pu se tenir en raison du choléra.
Dans la plupart des pays concernés, lieux culturels, bars, restaurants, terrains de sports demeurent néanmoins fermés. Ecoles et lycées rouvriront progressivement. Et les grands rassemblements tels que les concerts ou compétitions sportives, sont toujours interdits.
La France, l'Espagne et l'Italie, très touchées par l'épidémie, se préparent elles aussi à de premières mesures de déconfinement dans les jours ou les semaines à venir. Le gouvernement français a déjà assoupli le confinement dans les établissements pour personnes âgées.
Pandémie d'infox
Sur le Vieux continent, l'Italie a été le pays le plus affecté (24.114 décès), suivi de l'Espagne (20.852), la France (20.265) et le Royaume-Uni (16.509), selon un dernier bilan établi à partir de sources officielles.
Certains de ces pays enregistrent des signaux encourageants: en Italie, le nombre de malades a baissé lundi pour la première fois. Et au Royaume-Uni, 449 morts ont été enregistrés lundi, soit le plus faible bilan quotidien depuis le 6 avril.
En Italie, les premières mesures d'allègement ne seront pas prises avant le 3 mai. Mais peu à peu les entreprises rouvrent, même si c'est de façon partielle et avec beaucoup de précautions.
En revanche au Royaume-Uni, le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d'au moins trois semaines. En France, des heurts nocturnes ont été signalés ces derniers jours avec les forces de l'ordre dans des quartiers populaires en banlieue parisienne et à Strasbourg (est), nouveaux signes que le confinement commence à peser sous le soleil printanier.
Dans la ville chinoise de Wuhan, ancien épicentre de l'épidémie en Chine, la vie reprend doucement son cours: photos de mariage, baignades, pique-niques... Même si le retour total à la normale n'est pas pour tout de suite dans cette métropoloe de 11 millions d'habitants, coupée du monde pendant 76 jours et qui a vu son bouclage levé le 8 avril.
La plupart des commerces de bouche restent fermés: «On a très très peu de clients», soupire Mme Han, une femme de 27 ans propriétaire d'un petit stand de lait de soja. «Les gens ont peur des cas asymptomatiques».
Pendant ce temps, certains Etats profitent de la pandémie pour s'attaquer un peu plus à la liberté de la presse, Chine et Iran en particulier «ont mis en place des dispositifs de censure massifs», a déploré l'organisation Reporters sans frontières (RSF).
Alimentant une «pandémie d'infox», "des armées de trolls d'État, en Russie, en Chine, en Inde, aux Philippines et au Vietnam utilisent l'arme de la désinformation sur les réseaux sociaux", selon RSF.
«L'éruption de l'épidémie de Covid-19 accroît les risques de corruption» et le secteur de la santé y est particulièrement exposé, a de son côté mis en garde l'organe du Conseil de l'Europe chargé de la prévention de la corruption.