C’est une première dans les annales de la presse américaine. Le comité de rédaction du Washington Post a signé un éditorial en langue arabe pour réagir à la crise diplomatique qui secoue le Canada et l’Arabie Saoudite. L’influent et célèbre journal de la capitale fédérale américaine a vivement critiqué la position laxiste de Washington vis-à-vis de son partenaire et allié Moyen-oriental.
The Washington Post is publishing an editorial in Arabic for the first time: "It is great to see Canada holding aloft the human rights banner, even at the cost of damaged ties to Saudi Arabia. But Canada should not have to do this alone." https://t.co/EiNZcmzhP8
— Elías López (@elopezgross) August 8, 2018
L’éditorial au vitriol du Washington Post, tout en rappelant le contexte de la crise diplomatique entre Ryadh et Ottawa, fustige l’attitude de l’Arabie Saoudite qui voudrait que le reste du monde détourne les yeux sur ce qui se passe chez elle intra-muros faute de quoi on devrait faire face à des sanctions économiques.
Le comité de rédaction du Washington Post, qui s’exprimait en chœur via cet éditorial historique, a pointé du doigt le prince héritier saoudien et homme fort du pays, Mohammed Ben Salmane, qui ne tolère aucune dissidence, emprisonnant en masse ses opposants et autres détracteurs, dont la plupart sont des intellectuels, des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme, jetés en prison avec des parodies de procès.
Since Sunday, Saudi Arabia has:
• withdrawn ambassador to 🇨🇦, and expelled Canada's
• suspended flights to & from 🇨🇦
• frozen new trade & investment with 🇨🇦
• withdrawn Saudi students from 🇨🇦 schools
• demanded transfer of Saudi patients in 🇨🇦— HuffPost Canada (@HuffPostCanada) August 8, 2018
Et c’est cette situation que la ministre canadienne des Affaires étrangères a dénoncé dans un tweet se retrouvant sous les feux de la critique saoudienne dont la «diplomatie» a choisi la manière forte en rompant brutalement les relations diplomatiques avec le Canada pour stopper nette toute velléité étrangère à s’ingère dans les affaires intérieures de l’Arabie saoudite.
L’éditorial du Washington Post croit comprendre que l’opinion de la ministre canadienne des Affaires étrangères a touché un point sensible des saoudiens, à savoir celui des libertés publiques, et que la réaction saoudienne est disproportionnée, dénonçant le black-out de l’administration américaine à ce sujet.
Very alarmed to learn that Samar Badawi, Raif Badawi’s sister, has been imprisoned in Saudi Arabia. Canada stands together with the Badawi family in this difficult time, and we continue to strongly call for the release of both Raif and Samar Badawi.
— Chrystia Freeland (@cafreeland) August 2, 2018
Canada is gravely concerned about additional arrests of civil society and women’s rights activists in #SaudiArabia, including Samar Badawi. We urge the Saudi authorities to immediately release them and all other peaceful #humanrights activists.
— Foreign Policy CAN (@CanadaFP) August 3, 2018
Pour le Washington Post, la patronne de la diplomatie canadienne a défendu un des droits fondamentaux relevant des libertés universelles et il ne s’agit nullement d’une immixtion dans les affaires intérieures d’un pays tiers.
Si la réaction de MBS n’est pas une surprise, le Washington Post est déçu en revanche de la démission de l’administration Trump du rôle historique des États-Unis d’Amérique comme défenseurs des droits de l'homme dans le monde.
Umm, guys, I think Saudi Arabia just threatened to 9/11 Canada by flying an Air Canada plane into the CN Tower before it realized it’s probably a bad idea and deleted the tweet. pic.twitter.com/9ClxJH8YSI
— Serge (@Zinvor) August 6, 2018
L’éditorial du Washington Post s’alarme aussi de la réaction du Département d’Etat américain qui n’a pas pu faire mieux que de jouer le rôle de la neutralité alors que rôle traditionnel des États-Unis est de défendre les valeurs universelles partout où elles sont bafouées et de montrer aux autocrates que Washington est implacable sur ces questions les menaçant même «qu'ils ne peuvent pas s'en tirer en cachant leur sale travail derrière des portes closes.»