Douze ans après sa nomination à la tête de Medi 1, le bilan de Hassan Khiyar est décevant. En plus des audiences en constante dégringolade, l'ancien administrateur d'Alstom Maroc n'a pas préservé la valeur et l'aura de la marque qui, naguère dominait l'information et l'influence dans tout le Maghreb.
Rien ne va plus dans le groupe audiovisuel dirigé depuis 2010 par Hassan Khyar. Les chiffres des audiences parlent d'eux-mêmes : 2,9 % pour la chaine télé Medi1 TV et moins de 6,5% pour l'emblématique radio «Medi 1».
La première radio du Maghreb est devenue l'ombre d'elle même et le projet de chaine de télévision panafricaine est un cuisant échec. Pourtant, Hassan Khiyar, un dirigeant rompu à la culture du résultat et à la valeur du travail avait tout pour réussir. En plus d'un appui institutionnel prestigieux, il avait entre les mains une marque historiquement influente et forte et tenait les rênes de la régie publicitaire, Régie 3.
Les quatre péchés capitaux de Hassan Khyar
La bonne volonté, la capacité de travail et la discrétion dont fait preuve M. Khyar ne lui ont pas suffit pour réussir sa mission de transformer le groupe Medi 1. Ses choix éditoriaux marketing et sa gestion des ressources humaines ont plombé tous ses efforts. Si à la radio, le lobby français a réussi à prendre le dessus, se laissant grignoter jour après jour ses parts de marchés par ses concurrentes locales, la télé quand à elle se retrouve à date d'aujourd'hui sans identité et sans âme.
1. Stratégie multimarques défaillante
Hassan Khyar a probablement été influencé par son confrère Khalil Hachimi Idrissi quand à sa stratégie de marque. Pourtant, contrairement au patron de la MAP qui avait hérité d'un branding désuet, le PDG de Medi 1 se reposait sur une marque puissante qu'il devait la porter encore plus haut.
M. Khyar ne s'est contenté de la marque Medi 1 TV, il en a ajouté M Télévision, M Afrique, M Maghreb, M Arabic, Medi1news, Medi1podcast. En six années, la valeur de la marque s'est effritée et le stock de l'audience hérité de Abbas Azzouzi s'est fondu. D'aucuns aujourd'hui ne peut définir l'audience de la chaine.
2. Digital abandonné en cours de route
Du temps de Azzouzi et durant les premières années du règne de Khyar, Medi1 TV s'est distinguée par une stratégie et une présence digitales agressives au point de faire trembler Soread 2M.
Du jour au lendemain, la chaine décide de lever le pied et de tourner le dos à ce qui constituait sa particularité et sa différenciation vis-à-vis sa concurrence locale.
3. Ligne éditoriale : incolore et indolore
Hassan Khyar a finit par rendre la ligne éditorial de Medi 1 à son image : pas de vague, pas de prise risque et pas de coups d'éclats. Le PDG vit avec cette hantise de recevoir des coups de fils inquisiteurs concernant une phrase ou un sujet traité par ses journalistes. Résultat, point de coup de fils, point d'identité et encore moins d'audience.
4. Gestion des ressources humaines : le talent d'Achille de M. Khyar
De part le fait qu'elle soit née d'une JV entre Rabat et Paris et d'avoir été longtemps sous l'emprise d'un seul homme, feu Pierre Casalta , Medi 1 est une organisation complexe. Son dirigeant se voit donc dans l'obligation de cultiver la coopération entre les divers fonctions et corps de métiers du groupe audiovisuel pour atteindre l’excellence opérationnelle.
Cette dynamique attendue de la part de Hassan Khyar n'a pas été au rendez-vous, principalement en raison de ses difficultés relationnelles. Lesquelles difficultés ont fait émerger d'autres problématiques : le manque d’innovation et de créativité et l’impact négatif renvoyé sur le collectif, avec des conséquences directes en termes de confiance, de satisfaction et d’engagement.
«En manque d’idées novatrices et surtout de sens journalistique, le PDG a fait le vide autour de lui» écrit Maghreb Intelligence.
La même source rappelle également le triste bilan RH de M. Khyar : «une série de licenciements de journalistes et de techniciens de la chaîne et de multiples bras de fer avec les syndicats».
Fin de mandat
«D’après plusieurs observateurs le mandat de Hassan Khiyar à la tête de Medi 1 TV arriverait bientôt à son terme», révèle Maghreb Intelligence.
Un départ prévisible depuis l'annonce en mai 2021 par le ministre de la communication de l'époque Othman El Ferdaous de la prise du contrôle par la SNRT de la Soread et de Medi1TV, donnant naissance à un pôle audiovisuel public.
Une décision salvatrice qui devrait permettre au Maroc de mutualiser les ressources et les efforts pour faire émerger un paysage audiovisuel que mérite tous les marocains.