Naton Medical Group, un fabriquant chinois de prothèses orthopédiques et d'implants dentaires, fait tourner un site de production en banlieue pékinoise, flambant neuf, 24h/24 pour préparer une commande de 188 millions de masques à destination de la France. Le montant de la transaction est gardé secret.
Naton Medical Group se met dans la production des masques, début février, au cœur de l'épidémie en Chine, après un ordre de la mairie de Pékin, laquelle voulait être sûre que la ville de 21 millions d'habitants ne subisse aucune pénurie.
En cinq jours, avec des machines d'occasion, l'entreprise crée une chaîne de production. Quelques jours plus tard, le Premier ministre chinois Li Keqiang en personne vient visiter le site devant les caméras de télévision.
Une médiatisation qui attire l'attention de l'ambassade de France en Chine: l'ambassadeur Laurent Bili fait le déplacement jusqu'à l'usine.
Au final, une commande est signée pour 188 millions de masques, de source officielle. C'est environ 10% des près de deux milliards d'unités que le gouvernement français affirme avoir commandé à des entreprises chinoises -- les mastodontes du marché mondial.
10 millions de masques par semaine expédiés en France
Naton dit expédier vers la France des masques chirurgicaux, mais également des N95, similaires en termes de protection avec les désormais célèbres FFP2.
«Au cours des douze prochaines semaines, on expédiera hebdomadairement plus de dix millions de masques vers la France», déclare Dong Xiang, le directeur de l'institut de recherche technique médicale de l'entreprise chinoise.
Devant l'entrée de l'usine, des centaines de cartons contenant une première livraison de deux millions d'unités ont effectivement été chargés vendredi dans des camions, a constaté l'AFP.
Ils sont actuellement acheminés par la route vers la grande métropole de Shenzhen (Sud de la Chine). Ils seront ensuite placés dans un avion et devraient arriver en France la semaine prochaine.
Mais quid de la qualité? Car ces dernières semaines, plusieurs pays européens comme l'Espagne, les Pays-Bas ou la Finlande se sont plaints des masques qu'ils ont réceptionnés de Chine, les jugeant pas aux normes.
«Je ne me fais aucun souci. On n'aura pas ce problème», assure Dong Xiang.
«Nos masques font l'objet d'un contrôle draconien, du choix des matières premières jusqu'à l'emballage, en passant par la production», déclare-t-il en pointant l'atelier de production situé derrière une vitre.
Impossible que ces masques en simple tissu puissent protéger contre le Covid-19
Plusieurs dizaines d'ouvriers en masques, gants en latex et combinaisons s'activent au milieu de rouleaux de polypropylène bleu et blanc, la matière première, dans une atmosphère à l'air filtré pour empêcher l'entrée de tout pathogène.
Naton dit également avoir reçu des commandes en provenance d'autres pays étrangers comme l'Allemagne, la Thaïlande ou l'Afrique du Sud.
Si les masques, une fois arrivés en France, devraient être réservés aux soignants, le gouvernement français a annoncé qu'il distribuera à partir du 4 mai à la population des masques dits «grand public» -- généralement en tissu et lavables.
Mais Zhao Yiwu, le président de Naton Medical Group, confie à l'AFP son scepticisme quant à l'efficacité de ces équipements de fortune.
«Impossible» selon lui que des masques en simple tissu puissent protéger contre le Covid-19. «Ils peuvent empêcher la poussière de passer. Mais pas les virus», met-il en garde.