Le Qatar a finalement accepté, à la demande des États-Unis, de mettre fin à la présence des dirigeants du Hamas sur son territoire. Cette décision, rapportée par des sources américaines et qataries citées par CNN, marque un tournant dans la position de Doha, longtemps considéré comme un centre névralgique des négociations entre les États-Unis, le Hamas, et d'autres acteurs régionaux, en vue d'un cessez-le-feu dans le conflit Israël-Hamas.
Le Qatar a décidé, sous demande pressante des États-Unis, de révoquer l’accueil des leaders du Hamas dans sa capitale, Doha. Cette décision, fruit d’une demande américaine récente, arrive dans un contexte où l’influence qatarie sur le groupe a été grandement affaiblie, notamment en raison des récents assassinats de ses dirigeants et du rapprochement stratégique du Hamas avec l’Iran. La montée en puissance de rivaux régionaux, tels que l’Arabie saoudite et l’Égypte, dans la résolution du conflit, a également pesé lourd dans ce volte-face.
La demande américaine a été formulée il y a environ deux semaines, après des mois de négociations infructueuses visant à obtenir un cessez-le-feu et la libération d’otages détenus par le Hamas. Face à l'impasse, les États-Unis ont accentué leur pression, estimant que l'accueil des dirigeants du Hamas ne pouvait perdurer dans la capitale d’un partenaire stratégique comme le Qatar.
Frustration américaine
Cette initiative découle de la frustration américaine après le refus répété du Hamas d’accepter des propositions de libération des otages, dont certains sont américains. Un haut responsable de l’administration américaine a précisé à CNN : « Le Hamas est un groupe terroriste ayant tué des Américains et continue de détenir des otages américains. Après avoir rejeté de multiples propositions de libération, ses dirigeants ne devraient plus être accueillis dans les capitales de partenaires des États-Unis ».
Le Hamas a toutefois qualifié ces informations de « tactique de pression », niant toute décision d'expulsion imminente, une déclaration qui s’inscrit dans un climat où des rumeurs similaires ont circulé sans confirmation dans le passé.
Qatar malmenée par le processus de négociations
Depuis le début de la guerre, Doha a joué un rôle de médiateur, organisant des négociations dans sa capitale pour tenter d'aboutir à une trêve. Cependant, l'intransigeance du Hamas face aux propositions américaines et l'impact de la guerre sur la région ont poussé les États-Unis à intensifier leurs exigences.
Si l'échec des négociations serait attribué à Netanyahu et son gouvernement extrémiste, l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh puis de Yahya Sinwar, a fragilisé la position de Doha. Ces éliminations ciblées, auxquelles l’Arabie saoudite et l’Égypte auraient potentiellement contribué en aidant à localiser Sinwar, ont placé le Qatar dans une position délicate, limitant son influence au sein de ce qui reste de la direction du Hamas et réduisant son rôle de médiateur. La visite de MBS au Caire, qui aurait accéléré l’élimination de Sinwar, a coupé l’herbe sous les pieds de Doha, également affaiblie par l’influence grandissante de l’Iran sur le Hamas, devenu son proxy à Gaza.
Le Qatar a perdu la maîtrise du narratif et son influence médiatique auprès du public arabe. Ses médias, notamment Al Jazeera, ont longtemps présenté un Hamas et l'Iran invincibles, équipés d'armements et de combattants inépuisables. Aujourd'hui, ce récit s'effondre face à la réalité : Gaza, autrefois décrite comme une «prison à ciel ouvert», est devenue un «cimetière à ciel ouvert», témoignant de l’ampleur de la tragédie.
La pression américaine intensifiée et le spectre du retour de Trump
La décision du Qatar s’inscrit également dans un contexte de politique américaine incertain, marqué par le retour en force de Donald Trump à la présidence des États-Unis. En réalisant l’exploit de devenir le deuxième président de l’histoire américaine à être réélu après une défaite, un précédent qui remontait au démocrate Grover Cleveland en 1892, Trump revient avec une détermination renouvelée. Ce retour historique pourrait annoncer une approche encore plus ferme envers l’Iran et ses alliés, plaçant Doha dans une position délicate et l’incitant à se conformer aux demandes américaines, afin d’éviter l’isolement face à une politique américaine potentiellement plus intransigeante.
Cette perspective n’est pas sans rappeler le lourd embargo que Doha a subi sous son mandat, au moment où les États-Unis avaient intensifié leur pression sur les alliés de l’Iran dans la région. Avec cette possible résurgence d’une politique plus ferme contre Téhéran, le Qatar pourrait se retrouver isolé. En conséquence, se rallier aux demandes américaines, notamment l’expulsion des dirigeants du Hamas, pourrait permettre au Qatar de se repositionner comme un partenaire fiable face au retour de Trump et la montée en puissance régionale de l'Arabie saoudite.
Un avenir incertain pour la direction du Hamas et la place de Doha dans le dialogue régional
Le départ forcé des dirigeants du Hamas de Doha laisse planer une incertitude sur leur destination, mais aussi sur le rôle futur du Qatar dans la diplomatie régionale. Si la Turquie est considérée comme une alternative possible, les États-Unis pourraient s’opposer à une telle relocalisation, afin d'éviter un nouveau sanctuaire pour la direction du groupe.
En parallèle, le département américain de la Justice a inculpé plusieurs dirigeants du Hamas pour leur implication dans l’attaque du 7 octobre contre Israël. Khaled Mechaal, l’un des accusés, serait actuellement basé à Doha.
Dans ce contexte, la position stratégique du Qatar, longtemps essentielle dans les négociations, apparaît affaiblie par l’influence saoudienne, égyptienne et émiratie qui cherchent à renforcer leurs rôles de garants de la stabilité régionale.
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