Avec la ratification par Donald Trump de la loi de financement militaire 2020, les Etats-Unis ont désormais une force de l'Espace qui sera chargée d'assurer la domination des Etats-Unis sur ce nouveau terrain de guerre.
«L'espace est le nouveau front de guerre du monde», a déclaré le président américain lors de la cérémonie de promulgation. «C'est quelque chose d'incroyable. C'est un grand pas», a-t-il ajouté.
Chère au président américain, qui s'est heurté dans un premier temps à de vives résistances au sein du Pentagone, la force de l'Espace devient la sixième branche des forces armées américaines, après l'armée de Terre, l'US Air Force, l'US Navy, le corps des Marines et les garde-côtes.
«Notre dépendance envers les équipements dans l'espace a beaucoup augmenté et aujourd'hui, l'espace est devenu un terrain de guerre à part entière», a déclaré le ministre américain de la Défense Mark Esper. «Maintenir la domination américaine sur ce théâtre est désormais la mission de la force de l'Espace des Etats-Unis.»
La domination des Etats-Unis dans l'espace est menacée par la Chine et la Russie qui ont développé leurs capacités technologiques. Les menaces vont du brouillage des communications et des satellites GPS à la frappe d'un missile sol-air contre un satellite, ce que la Chine a testé avec succès en 2007, selon le Pentagone.
En Chine et en Russie, «on pense que l'espace est le talon d'Achille (des Etats-Unis), ce qui leur donne un avantage asymétrique sur les Etats-Unis», notait en août le secrétaire à la Défense adjoint chargé de la politique spatiale, Steve Kitay.
Comme le corps des Marines est placé sous l'autorité de l'US Navy, la force de l'Espace sera placée sous l'autorité du secrétaire à l'US Air Force et dirigée par un Chef des opérations spatiales qui sera placé sous l'autorité directe du ministre de la Défense.
Le chef du Pentagone a comparé la naissance de cette nouvelle force américaine à celle de l'US Air Force, séparée de l'armée de Terre en 1947.
16.000 militaires et civils pour un budget de 40 millions $
En août, le président américain avait déjà créé un commandement militaire de l'espace, baptisé «Spacecom», qui était devenu le 11e commandement militaire du Pentagone, équivalent par exemple au Centcom, chargé des opérations militaires américaines au Moyen-Orient, ou le Southcom, en charge de l'Amérique Latine.
Les activités administratives et opérationnelles du Pentagone sont nettement séparées en deux catégories: le recrutement, la formation et la gestion reviennent aux branches de l'armée, tandis que les opérations militaires sont placées sous la responsabilité des commandements militaires.
La force de l'Espace sera composée dans un premier temps des 16.000 militaires et civils déjà chargés des opérations liées à l'espace au sein de l'US Air Force, a indiqué la secrétaire à l'US Air Force Barbara Barrett.
La force sera dirigée par le général Jay Raymond, qui commande actuellement le Spacecom.
L'objectif est d'y intégrer progressivement les militaires et civils en charge de l'espace, qui étaient jusqu'ici rattachés à l'armée de Terre et à l'US Navy, a précisé Barbara Barrett au cours d'une conférence de presse au Pentagone.
Son budget est pour le moment limité: quelque 40 millions de dollars à peine pour l'année fiscale 2020, qui a commencé en octobre, sont destinés à la mise en place de la force de l'Espace. Le Congrès a donné 18 mois au Pentagone pour achever cette mise en place.
«Les Etats-Unis sont actuellement les meilleurs au monde dans l'espace. Aujourd'hui, ils sont encore meilleurs», a déclaré le général Raymond. «Conformément à notre stratégie nationale de défense, une force basée aux Etats-Unis concurrencera, dissuadera et vaincra grâce à notre position de force, sécurisant notre mode de vie et notre sécurité nationale.»
Les militaires étant très attachés aux signes de rattachement à leur branche, la question de l'uniforme des soldats de la force de l'Espace n'a pas encore été décidée. Pas plus que leur nom, leurs insignes ou leur chant de ralliement.
«Nous touchons là à la culture du service. Nous ne voulons pas nous précipiter et ne pas faire ça bien», a noté le général Raymond.
Avec AFP