Le conseil d’administration d’Engie s’est prononcé lundi soir en faveur de la cession de l’essentiel de la part du groupe dans le capital de Suez à Veolia, contre l’avis de l’Etat.
Reuters
«Le Conseil a pris acte de l’ensemble des engagements pris par Veolia (...) et des échanges entamés entre les parties ces derniers jours sur le projet industriel», dit-il dans un communiqué.
«Cette opération représente un produit de cession de 3,4 milliards d’euros et dégagera une plus-value avant impôts de 1,8 milliard d’euros enregistrée dans les comptes 2020», ajoute le conseil.
Son président Jean-Pierre Clamadieu a regretté que l’Etat ait voté contre le projet, tout en jugeant que les divergences pouvaient être surmontées.
«J’ai eu beaucoup d’échanges avec (le ministre de l’Economie et des Finances) Bruno Le Maire, y compris après qu’il ait pris sa décision (...)», a-t-il déclaré, lors d’une téléconférence organisée après la réunion du conseil d’administration.
«Je crois qu’on a de manière claire constaté que nous avions des rôles différents : lui défenseur de l’intérêt général, moi des intérêts de l’ensemble des actionnaires du groupe et, malheureusement, cela nous a conduit ce soir à exprimer une position différente et, pourtant, nous avons travaillé d’arrache pied», a-t-il expliqué.
«Je pense que nos relations restent des relations de confiance», a-t-il ajouté.
L’état avait appelé avait plusieurs fois à un accord amiable
Suez s’oppose farouchement au projet qu’il juge toujours hostile, bien que le prix ait été revu à la hausse, et redoute un démantèlement de ses activités avec le risque de suppressions d’emplois massives.
«En l’absence d’accord amiable entre (...) Veolia et Suez, l’Etat, actionnaire à hauteur de 22% de l’entreprise Engie, a voté contre la proposition de cession du bloc de Suez à Veolia lors du conseil d’administration d’Engie du lundi 5 octobre 2020», a expliqué Bercy dans un communiqué.
Pour se défendre, Suez misait sur le projet d’offre alternative emmené par le fonds d’investissement français Ardian qui a fait part la semaine dernière d’une marque d’intérêt pour la part d’Engie dans Suez, sans toutefois donner d’indication sur le prix.
Dans un communiqué diffusé lundi à la mi-journée, ce dernier a toutefois annoncé qu’il ne soumettrait pas de contre-offre aux administrateurs d’Engie.
A la clôture de la Bourse, l’action de Suez a affiché un recul de 4,17% à 15,40 euros. Veolia propose 18 euros par action pour les 29,9% d’Engie, ce qui valorise la totalité du groupe à plus de 11 milliards d’euros.
Le bras de fer entre les deux concurrents français, étalé sur la place publique, a suscité également des débats parmi les responsables politiques.
Un groupe de parlementaires de la majorité a adressé samedi une lettre à Bruno Le Maire s’inquiétant d’une “fusion forcée” et de son impact sur l’emploi, l’innovation et le prix de l’eau et de la collecte des déchets.
L’intersyndicale de Suez a de son côté effectué un signalement auprès du parquet de Paris et du parquet financier, estimant que les représentants du personnel du groupe avaient été tenus à l’écart du processus.