Omar Balafrej, le Benkirane de la GenZ212 ?

Là où le gouvernement s’enlise dans le silence, Omar Balafrej trouve une phrase.
Une seule : « ليحيا الأمل. أرى اليوم جيلاً جديداً من الوطنيين ».

Et cette phrase, simple, sincère peut-être, calculée peut-être aussi, presque artisanale, a suffi à rallumer un feu qu’on croyait éteint : celui d’une jeunesse qui veut croire que le Maroc reste possible.

L’impuissance du gouvernement

Le gouvernement Akhannouch, tétanisé, n’écoute plus.
Il s’en remet à ses circulaires et à ses cordons sécuritaires.
Ses ministres, inaudibles, enchaînent les faux pas médiatiques tandis que la rue, elle, apprend à parler avec calme et dignité.
La jeunesse GenZ212, celle des pancartes sobres, des silences éloquents et des mots justes — et même celle du Maroc à deux vitesses, qui nous renvoie la violence des politiques publiques — a révélé, par contraste, l’effondrement du langage politique.

Dans les coulisses, le Chef du gouvernement estime que cette crise ne relève pas de lui.
Il la considère comme un dossier d’ordre public, qu’il renvoie au ministère de l’Intérieur — à Abdelouafi Laftit, avec qui il entretient une rivalité silencieuse, ou à Abdellatif Hammouchi, dont il espère désormais l’intervention, lui qu’il n’avait pas eu le courage de défendre lorsque les attaques visaient l’homme en première ligne de notre sécurité nationale.

Akhannouch, isolé, espère que l’appareil sécuritaire règlera ce que la politique n’a pas su prévenir.

Face à Face à elle – cette génération angoissée et jugée – , un exécutif sans souffle, disqualifié.

La réapparition d’un repère

Et puis, soudain, une voix.
Omar Balafrej.
Disparu du paysage depuis des années, il réapparaît avec un simple post Facebook :

« ليحيا الأمل. أرى اليوم جيلاً جديداً من الوطنيين »
« Vive l’espoir. Je vois aujourd’hui une nouvelle génération de patriotes ».

Un mot d’espérance dans un climat de désarroi. Une main tendue sans récupération, du moins pour l’instant. Et les réseaux sociaux l’ont entendu.

L’héritage d’un militant moderne

Balafrej n’est pas un produit de la GenZ : il a tous les “skills” d’en être le tuteur moral.

Issu d’une grande famille militante, nourri aux valeurs de l’USFP et du courant de pensée d’Abderrahim Bouabid, il a grandi dans la culture du débat, de la rigueur et de la responsabilité.

Des valeurs qu’il partage, au fond, avec le Roi Mohammed VI, dont la fibre socialiste, humaniste et réconciliatrice a nourri les grands chantiers du règne.
C’est cette même éthique — celle de la reconnaissance et de la réparation — qui a inspiré la création de l’Instance Équité et Réconciliation (IER), pilotée avec abnégation par le Conseiller royal Fouad Ali El Himma.

La photo du Souverain visitant le défunt Abderrahmane El Youssoufi, ultime figure morale de l’USFP, reste le symbole de ce fil invisible entre le pouvoir et la conscience.
Un fil qu’Omar Balafrej prolonge aujourd’hui, à sa manière : en redonnant au mot patriotisme le visage de la sincérité.

Mais Omar Balafrej a su épouser son époque : celle du numérique, de la création et de l’indépendance. Diplômé de l’École centrale de Lyon, il revient au Maroc pour construire plutôt que commenter. À la tête du Technopark Casablanca, il accompagne la première génération d’entrepreneurs du digital.

C’est chez lui que les jeunes créateurs, artistes, codeurs et rêveurs de l’époque trouvent refuge.

Il a vu naître le L’Boulevard, les startups, la Twittoma ( communauté Twitter Maroc ), tout un écosystème culturel et civique qui croyait à la modernité marocaine avant qu’elle ne devienne slogan.

Omar Balafrej incarne la continuité entre l’idéal du progrès et la pratique de l’innovation : une gauche de conviction, technologique et humaniste.

Un parlementaire à contre-courant

Quand il entre au Parlement, il y entre comme un hacker dans un système obsolète.
Il en connaît les codes, les silences et les tabous.
Et il ose les briser : allant jusqu’à questionner le budget de la Maison royale, ouvrant les débats que personne n’osait plus aborder.
En 2016, c’était déjà une dissonance. Aujourd’hui, c’est une résonance.

La génération 212, virus du réel

Le mouvement GenZ212 est à prendre au sérieux.

Contrairement aux révolutions colorées – celles du printemps arabe ou du Maidan en Ukraine – qui s’inscrivaient dans la stratégie de l’administration Obama pour reconfigurer le monde selon l’agenda des démocrates américains, le phénomène GenZ est plus insaisissable, et plus vicieux.

C’est un virus social, échappé des laboratoires invisibles du numérique asiatique, comme le Covid l’avait été. Mais ici, le virus ne s’attaque pas aux poumons : il s’attaque aux défaillances du corps social. Il infecte les incohérences du système, révèle les inflammations morales, expose les fractures qu’on voulait ignorer.

Et, comme tout virus, il force le corps à se défendre ou à dépérir.

L’épuisement d’un modèle

Le Maroc, depuis 2011, a vécu sur un équilibre fragile : la monarchie incarnant la vision, et les élites économiques et politiques gérant le reste.
Mais ce pacte s’est fissuré.
Sous couvert de “vision royale”, des conglomérats économiques ont capté les leviers régaliens, transformant la gouvernance en rente, et la loyauté en business model.
Le ruissellement promis s’est arrêté au sommet de «Akwa SA»: ne coulant plus que vers les amis, les serviteurs et les lecteurs de bottes.

Et l’État, lui, s’est endetté pour tenir ce décor.

La question qui fâche

Alors oui, la question se pose :
Omar Balafrej pourrait-il devenir le Benkirane de la GenZ212 ?
Ou, plus ambitieux encore, le Youssoufi d’une nouvelle transition ?

Les réseaux sociaux, eux, ont déjà répondu.

Ils l’ont placé dans la conscience collective comme le posible adulte politique dans la pièce, le seul capable de parler aux jeunes sans les infantiliser, au pouvoir sans le défier, au pays sans le trahir.

Le Royaume du Maroc n’a pas besoin d’un sauveur

Ce pays n’a pas besoin d’un sauveur.
Il a besoin d’un langage.
Et si Omar Balafrej a trouvé les mots que le pouvoir a perdus, c’est peut-être parce qu’il parle le dialecte du Maroc de demain : celui de la sincérité.

Nawfal Laarabi
Nawfal Laarabi
Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist 20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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