Expansion de la BERD en Afrique : L’Allemagne et la France n’en veulent pas

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement a tenu du 8 au 10 mai sa 27e assemblée générale annuelle au bord de la Mer rouge en Jordanie. C’est la première assemblée annuelle dans la nouvelle région d’activité de la banque, à savoir la Méditerranée méridionale et orientale. Parmi les questions soulevées, figure celle de l’expansion de la BERD en Afrique qui a fait face à une vive opposition, notamment de la part de grands pays européens.

 

Concernant l’extension des activités de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement dans le continent africain, son président, Suma Chakrabarti, a déclaré lors d’une conférence de presse tenue le mercredi 9 mai, que sa banque «ne prendra pas de décision sur l’expansion en Afrique subsaharienne avant 2020» au plus tôt, après que ses plans aient rencontré «des résistances» de plusieurs actionnaires. Le patron de la BERD a précisé également que la séance de prise décision a duré 90 minutes, sans résultat concret dans ce sens.

Suma Chakrabarti a aussi ajouté qu’il «verrait» si les gouvernements qui agissent en tant qu’actionnaires donneraient le «feu vert» pour un travail exploratoire sur l’élargissement à la prochaine réunion.

Ce revirement intervient un mois après la déclaration du même Suma Chakrabarti dans laquelle il annonçait que la BERD envisageait une poussée vers l’Afrique subsaharienne et d’autres pays du Moyen-Orient, avec la possibilité d’obtenir l’approbation finale lors de la réunion de 2020. Mais le veto des actionnaires en a décidé autrement. Chakrabarti prévoyait que le plan d’expansion global, y compris l’Afrique subsaharienne, pourrait voir le prêt annuel de la banque augmenter de près d’un tiers pour atteindre les 13 milliards d’euros.

La BERD est déjà présente dans plus de 35 pays, du Maroc à la Mongolie et de l’Estonie à l’Égypte, mais l’idée d’aller davantage en Afrique a suscité des inquiétudes quant à une éventuelle extension de la portée de cette institution.

Dans le même temps, la direction de la banque estime qu’elle dispose d’un capital abondant et son approche d’investissement aux côtés des partenaires du secteur privé peut compléter ce que les autres banques de développement font déjà dans la région.

«L’idée n’est pas mort-née, mais ce ne sera pas non plus un blitzkrieg (ndlr :guerre éclair) », a déclaré pour sa part, à l’agence de presse Reuters, un ministre de l’un des actionnaires de la banque sous couvert d’anonymat.

Un autre représentant de la séance a également fait écho à cette opinion, affirmant que bon nombre de grands actionnaires, y compris l’Union européenne, l’Allemagne et la France, avaient tous exprimé de sérieuses réserves.

«Si vous regardez seulement les chiffres, le consensus n’était pas là», a ajouté un troisième responsable.
Ce qui a été convenu cependant était que la banque commencerait à augmenter ses dépenses dans les pays dans lesquels elle opère déjà.

Une petite expansion pourrait également encore se produire avant la décision clé de 2020. L’Irak a demandé l’adhésion à la BERD il y a un peu moins de deux semaines, ce qui pourrait se produire assez rapidement, et celle l’Algérie pourrait également être accélérée.

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