Affaire Khashoggi : Ryadh, sous pression internationale, sommé de s’expliquer

La disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi boucle ce mardi une semaine. Il était en entré dans l’ambassade de son pays à Istanbul pour des formalités administratives et depuis aucune nouvelle suscitant émois, réprobations et indignations à travers le monde. Les autorités saoudiennes se trouvent au banc des accusés et sont sommées d’apporter une réponse quant au sort réservé au journaliste surtout que tout indique qu’il a été purement et froidement liquidé, bien que les saoudiens continuent à affirmer que le disparu avait quitté le consulat sans pour autant préciser dans quel état. Le prince héritier Mohammed Ben Salmane avait déclaré vendredi dernier à l’agence Bloomberg qu’il autorisera les autorités turques à fouiller son consulat alors que le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Hami Aksoy a affirmé ce mardi après-midi dans un communiqué suite à une question sur le sort du journaliste que Riyadh a autorisé Ankara à fouiller son consulat.

Le communiqué du ministère turc des Affaires étrangères a précisé que l’évolution de la situation concernant le sort du citoyen et journaliste saoudien, Jamal Khashoggi, a été suivie de près par les autorités judiciaires, de sécurité et de renseignement turques. L’enquête ouverte par les autorités compétentes pour déterminer son sort se poursuit de manière approfondie, bien que les locaux consulaires soient inviolables au sens de la Convention de Vienne sur les relations consulaires, l’Etat de résidence peut procéder à un examen dans ces locaux avec l’assentiment du chef de la mission diplomatique. Les autorités saoudiennes ont fait savoir qu'elles étaient disposées à coopérer à cet égard et que l'examen pouvait avoir lieu dans leurs bâtiments consulaires à Istanbul.

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait mis hier lundi la pression sur les autorités saoudiennes de prouver que le journaliste disparu avait bien quitté le consulat affirmant qu’il en fait une affaire personnelle pour arriver à la vérité surtout que Jamal Khashoggi était considéré comme son ami.

Sur le plan international, et suite au tollé soulevé par cette disparition, et face aux pressions et dénonciations de médias et hommes politiques et sénateurs américains, le président Donald Trump ainsi que son secrétaire d’Etat Mike Pompeo sont sortis de leur silence pour demander des comptes à leurs « amis » saoudiens. La France exige également la vérité sur cette sulfureuse affaire sans oublier la Grande Bretagne dont le ministre des affaires étrangères Jeremy Hunt a twitté ce mardi :

« Je viens de rencontrer l'ambassadeur saoudien pour chercher des réponses urgentes à propos de Jamal Khashoggi. La violence à l'encontre des journalistes dans le monde entier est en augmentation et constitue une menace grave pour la liberté d'expression. Si les différents rapports des médias s'avèrent exacts, nous traiterons l'incident avec sérieux. Les amitiés dépendent de valeurs partagées.»
De son côté, la rédactrice en chef du Washington Post, Karen Attiah, sous l’autorité de laquelle travaillait Jamal Khashoggi, a déclaré :  «Nous espérons toujours une bonne nouvelle, mais bien sûr cette nouvelle, si elle est vraie, nous a tous complètement dévastés. C’est une attaque contre nous également au Washington Post».

Côté enquête, la presse turque affirme ce mardi que les services de renseignement d’Ankara sont en train d’analyser les mouvements des 26 voitures du parc automobile du consulat saoudien à Istanbul, et l’identité des chauffeurs, en recourant aux systèmes GPS et aux caméras plantées dans les rues.

Pour sa part, le site arab21 citant le quotidien turc Assabah parle de l’entrée de 15 saoudiens à Istanbul le jour de la disparition du journaliste, venus à bord de deux avions. Ils avaient réservé dans un hôtel près du consulat pour quatre nuits. Ils s’étaient rendus au consulat avant de revenir le soir après avoir passé aussi près de quatre heures dans la villa du consul avant de regagner l’hôtel pour demander l’annulation de leur séjour et repartis dans les deux avions. L’un en direction de l’Egypte, l’autre à destination de Dubaï puis Riyadh. Autre fait surprenant, tout le personnel turc employé au consulat saoudien à Istanbul avait bénéficié d’un congé exceptionnel le jour de la disparition de Khashoggi.

Pour leur part, des membres influents du Congrès ont fait part de leur profonde inquiétude quant à cette grave situation laquelle risque de faire détériorer les relations entre Washington et Ryadh. Ils sont sommé l’Arabie saoudite de donner des réponses précises sous peine d’une réévaluation de fond en comble des relations bilatérales entre les deux pays. Citons parmi les réactions les plus remarquables celles de Lindsay Graham, Rand Paul et Bob Corker respectivement sénateur républicain pour la Caroline du sud, sénateur républicain pour le Kentucky et sénateur républicain pour le Tennessee.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

- Advertisement -