L'économie américaine pourrait redémarrer graduellement en mai, a estimé dimanche l'expert en chef de la Maison Blanche Anthony Fauci, tout en restant très prudent alors que la pandémie de coronavirus semble approcher de son pic aux Etats-Unis.
Fin mars, le président Donald Trump avait assuré qu'il «adorerait» voir une partie des Etats-Unis sortir du confinement pour les célébrations de Pâques.
Mais, dimanche, le pays restait à l'arrêt et de nombreuses églises étaient désertes en raison des restrictions mises en place pour endiguer l'épidémie qui a fait plus de 21.000 morts, le pire bilan mondial, et contaminé près de 550.000 personnes.
«C'est une peste comme notre pays n'en a jamais vu, mais nous gagnons la bataille, nous gagnons la guerre», a affirmé Donald Trump dans un message vidéo de Pâques sur Twitter.
Sur CNN, le docteur Anthony Fauci a dit espérer voir «d'ici la fin du mois» des signes permettant de «redémarrer prudemment et en sécurité» dans certaines régions du pays.
«S'il y en a, on y va. Sinon, on continue à se calfeutrer», a ajouté le directeur de l'Institut américain des maladies infectieuses, qui représente la communauté scientifique dans le groupe de travail mis en place par Donald Trump pour lutter contre le Covid-19.
Mais, a-t-il prévenu, relancer la machine après la fermeture brutale d'une partie de l'économie «n'est pas comme rallumer une lampe».
Donald Trump prône un redémarrage de l'activité le plus vite possible, alors que les licenciements ont explosé avec 17 millions de salariés inscrits aux allocations chômage.
Il doit lancer dans les jours à venir un groupe de travail sur les modalités d'une reprise de la première économie mondiale, même si la décision de mettre fin au confinement revient finalement aux gouverneurs des différents Etats et aux collectivités locales.
La situation est particulièrement grave dans l'Etat de New York, épicentre de la maladie avec plus de 9.000 morts.
Un déconfinement en Mai, échénance jugée artificielle
Mais Anthony Fauci a dit son «optimisme prudent» alors que les principaux indicateurs de la propagation (admissions, hospitalisations, soins intensifs, intubations) «ne sont pas seulement stabilisés mais commencent à redescendre».
Donald Trump s'est aussi félicité sur Twitter du nombre de «lits d'hôpitaux libres qui deviennent de plus en plus fréquents» dans la ville de New York.
Le gouverneur de l'Etat, Andrew Cuomo, a toutefois nuancé l'optimisme ambiant. «On ne voit pas de baisse importante, c'est juste une stabilisation», a-t-il dit dimanche à la presse, alors que le nombre de décès journaliers dépasse encore les 700.
Il y a des signes encourageants, a malgré tout estimé sur ABC le patron de la Food and Drug Administration (FDA), l'Agence américaine du médicament.
«Les modèles montrent que nous sommes très proches du pic» de l'épidémie, a dit Stephen Hahn, soulignant que la date du 1er mai n'était qu'un «objectif».
Andrew Cuomo a assuré qu'il ne précipiterait pas la relance, au risque d'une nouvelle vague d'infection. «Personne ne veut choisir entre une stratégie de santé publique et une stratégie économique», a-t-il dit.
Son homologue du Maryland, Larry Hogan, a mis en garde sur ABC contre une «échéance artificielle» alors que la maladie fait encore des ravages.
Et la maire de Washington, la capitale fédérale, s'est dite encore moins convaincue d'une reprise rapide. «Nous n'attendons pas le pic des hospitalisations avant juin», a expliqué Muriel Bowser sur CNN.
Selon le Dr Fauci, la reprise sera aussi différente selon les grandes métropoles ou les Etats ruraux comme l'Arkansas (sud) où la population n'est pas confinée et qui ne compte que 27 décès.
L'action de l'administration pour freiner l'épidémie reste un sujet de controverse. Le New York Times affirme dimanche que le président Trump a été très lent à réagir en n'écoutant pas ses experts qui l'avaient mis en garde dès le début de l'année.
Anthony Fauci, qui a conseillé six présidents américains, a admis que le bilan aurait peut-être pu être moins lourd si les restrictions avaient été mises en place plus rapidement.
«Mais à l'époque, il y avait beaucoup de réticences à tout fermer», a-t-il dit, évoquant une «décision compliquée».