Moins d’un an après le séisme meurtrier d’Al Haouz, qui a mis en lumière la vulnérabilité logistique des territoires face aux catastrophes naturelles, le Roi Mohammed VI pose les fondations d’un dispositif national de résilience sans précédent. Dans un monde exposé à des risques systémiques croissants — dérèglement climatique, tensions géopolitiques, crises industrielles ou sanitaires — le Maroc se dote d’une architecture territoriale pensée pour anticiper, stocker et intervenir. Le lancement de la première plateforme régionale de réserves de première nécessité marque le point de départ d’un maillage logistique ambitieux, conçu pour répondre aux urgences avec autonomie et efficience.
Le Roi Mohammed VI, accompagné de du Prince Héritier Moulay El Hassan, a procédé, mercredi à la commune Ameur (préfecture de Salé), au lancement des travaux de construction de la plateforme de réserves de première nécessité de la région de Rabat-Salé-Kénitra, une concrétisation du modèle marocain de résilience et de déploiement rapide des secours en cas de catastrophes.
Sur ordre du souverain, chaque région du Royaume sera dotée d’une grande plateforme de réserves de première nécessité (tentes, couvertures, lits, médicaments, denrées alimentaires, etc) afin de faire face de façon immédiate aux catastrophes (inondations, séismes, crues, risques chimiques, industriels ou radiologiques).
Un socle logistique pour la gestion des urgences
Le programme, présenté au Souverain à la commune d’Ameur (préfecture de Salé), prévoit la création de 12 plateformes régionales, déployées sur un total de 240 hectares. Il mobilise un budget global de 7 milliards de dirhams, dont 2 MMDH pour les infrastructures et 5 MMDH pour l’équipement et les stocks. L’objectif est clair : constituer des réserves stratégiques régionales, capables de répondre immédiatement aux besoins vitaux des populations sinistrées, et ce, de manière autonome et différenciée selon les risques spécifiques à chaque territoire.
Une cartographie des vulnérabilités territoriales
Les plateformes seront dimensionnées en fonction de la densité démographique et des typologies de risques. Ainsi, six régions, parmi les plus peuplées ou les plus exposées, disposeront de quatre entrepôts chacune, d’une superficie cumulée de 20.000 m². Il s’agit des régions de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Marrakech-Safi, Fès-Meknès, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Souss-Massa. Les six autres régions disposeront quant à elles de deux entrepôts de 10.000 m², adaptées à leur profil de risque : Oriental, Béni Mellal-Khénifra, Drâa-Tafilalet, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Ed Dahab.
La plateforme pilote, lancée ce jour dans la région capitale, s’étendra sur 20 hectares, avec quatre entrepôts, deux abris pour matériel hors gabarit, un héliport et des espaces logistiques complémentaires. Elle sera livrée en 12 mois.
Une réponse intégrée aux catastrophes multiples
Au-delà de l’approche logistique, le programme vise à structurer une capacité d’intervention multisectorielle. Les stocks comprendront notamment :
- 200.000 tentes et équipements d’hébergement temporaire ;
- Unité de cuisines et boulangeries mobiles, accompagnées de kits alimentaires ;
- Systèmes de purification d’eau et générateurs électriques remorquables ;
- Hôpitaux de campagne modulaires (6 en première phase, 6 en seconde), avec postes médicaux avancés et réserves de médicaments ;
- Équipements de sauvetage spécialisés pour séismes, inondations, glissements de terrain, risques chimiques ou industriels.
La gestion des stocks sera assurée par des équipes spécialisées, selon des normes strictes de traçabilité et de sécurité sanitaire.
Fiche synthétique du dispositif royal
Rubrique | Détail |
---|---|
Intitulé du projet | Plateformes régionales de réserves de première nécessité |
Initiateur | Sa Majesté le Roi Mohammed VI |
Région pilote | Rabat-Salé-Kénitra (commune Ameur, préfecture de Salé) |
Nombre total de plateformes prévues | 12 plateformes |
Superficie totale mobilisée | 240 hectares |
Budget global | 7 milliards de dirhams |
Répartition budgétaire | 2 MMDH pour la construction, 5 MMDH pour les équipements et produits |
Durée de réalisation (plateforme pilote) | 12 mois |
Composition (régions densément peuplées) | 4 entrepôts de 5.000 m² chacun (total 20.000 m²) |
Composition (autres régions) | 2 entrepôts de 5.000 m² chacun (total 10.000 m²) |
Équipements prévus | Tentes, lits, couvertures, hôpitaux de campagne, cuisines mobiles, purificateurs d’eau, générateurs, équipements de sauvetage |
Objectif principal | Déploiement rapide des secours en cas de catastrophe naturelle, technologique ou industrielle |
Gestion des stocks | Assurée par des équipes spécialisées, selon des normes strictes de sécurité, de conservation et de traçabilité |
Impact attendu | Couverture équivalente à 3 fois les besoins post-séisme d’Al Haouz ; structuration d’un écosystème national de production d’équipements de secours |
Une vision proactive et structurante
Ce dispositif s’inscrit dans une vision royale de long terme : faire de la résilience un attribut de la souveraineté. Il prend acte des enseignements du séisme d’Al Haouz, mentionné comme point de référence dans le communiqué officiel, et vise à couvrir l’équivalent de trois fois les besoins mobilisés lors de cette catastrophe. Il traduit également une ambition industrielle implicite : favoriser l’émergence d’un écosystème national de production d’équipements de secours et d’hébergement temporaire.
Vers une architecture marocaine de gestion des crises
Conçues selon des standards internationaux et des critères d’implantation sécuritaire, les plateformes ne sont pas seulement des entrepôts. Elles constituent une infrastructure nationale de sécurité civile, pensée à l’échelle territoriale, ancrée dans une analyse différenciée des vulnérabilités régionales. À terme, elles pourraient également soutenir une politique extérieure de solidarité, positionnant le Maroc comme acteur logistique de la réponse humanitaire en Afrique.