Le 17 janvier dernier, Abu Dhabi fut le théâtre d'une attaque par drones des rebelles houthis du Yémen faisant trois victimes civiles. Un coup très dur, porté aux Émirats Arabes Unis qui puisent leur puissance du dynamisme de leur place financière et de la sécurité de leurs terres. Inattendue et spectaculaire cette agression a fait couler beaucoup d'encre. Pour plusieurs analystes, cet évènement est la confirmation du désamour chronique entre Joe Biden et Mohammed Ben Zayed. Ce dernier, se retrouve pour la première fois menacé et son pays non protégé. MBZ ne se faisait pas d'illusion sur la politique de la nouvelle administration américaine envers son régime. Avant même son investiture, Biden a déclenché les hostilités en arrêtant son lobbyeur Thomas Barrack et son conseiller George Nader, en bloquant le contrat de vente des F35 et en supportant le Qatar.
Il n'était que question de temps pour que ces vives tensions deviennent publiques et que leurs répliques arrivent jusqu'à notre pays. Aujourd'hui, tout porte à croire que nous y sommes.
Après des rumeurs sur l'échec de la dernière visite de Aziz Akhannouch à Abu Dhabi, deux phénomènes des réseaux sociaux se sont subitement mis à parler. Il s'agit de l'israélienne Irina Tsukerman et du YouTubeur marocain «Touhfa». Appartenant à deux mondes parallèles, rien ne semble les lier. Pourtant la semaine écoulée, ils se sont synchronisés pour que chacun de son côté tire à l'arme lourde sur les relations entre le Maroc et Israël d'une part et le Maroc et les Émirats Arabes Unis d'autre part. Irina Tsukerman s'en est pris à Nasser Bourita et Jared Kushner, tandis que Touhfa s'est chargé de Mansour ben Zayed et Tahnoun ben Zayed, deux hauts responsables émiratis. Une double-campagne lancée le jour même de part et d'autre, soit le 24 janvier 2022, et neuf jours avant l'annonce de la visite officielle d'une délégation ministérielle menée par le Chef de Gouvernement marocain à Doha.
Ces épiphénomènes sont ce qu'on appelle dans le jargon de la communication, des signaux faibles d'une crise en devenir. Ils peuvent être également des escarmouches de gens bien informés sur les orientations stratégiques du Royaume. Seule certitude est que le monde, assiégé par la pandémie, s'engage davantage dans la voie de la guerre que celle de la paix où plus rien n'est acquis et où plus rien n'est permanent.
Comme Donald Trump, Mohammed Ben Zayed doit se demander nuit et jour, pourquoi est-il traité de la sorte par l'administration américaine et d'une partie du gouvernement israélien. Lui qu'il a fait pour l'Etat hébreu ce que jamais un autre émir de son pays ou de tout le Golfe n'a réalisé.
Après avoir sauvé la face à Netanyahu et Trump, qui ont échoué à mettre sur pied un accord de paix définitif entre palestiniens et israéliens, en soutenant les accords d'Abraham, MBZ n'a reçu en retour que des déceptions.
George Nader, conseiller de MBZ, arrêté pour pédophilie puis accusé de complot contre les États-unis
Avant même son ascension au pouvoir, Joe Biden, dans sa guerre contre Donald Trump, a fait tomber l'un des principaux conseillers et lobbyeurs de MBZ auprès de la Maison Blanche, l'homme d'affaires américano-libanais George Nader.
Interrogé une première fois par le procureur spécial Robert Mueller en sa qualité de témoin sur l’ingérence de la Russie dans l’élection de présidentielle américaine de 2016, George Nader s'est enfui à Abu Dhabi, avant d'être arrêté le 4 juin 2018 à l'aéroport JFK de New York pour possession d'images pédopornographiques. Il sera condamné fin juin 2020 à 10 ans de prison ferme pour trafic de sexe et de pornographie enfantine.
La pression sur l'ancien conseiller de MBZ ne va baisser avec l'arrivée de Biden. Le 16 janvier 2022, George Nader, plaide coupable pour le rôle qu'il a joué en aidant les Émirats arabes unis à donner des millions de dollars de contributions de campagne illégales dans le système politique américain pendant l'élection présidentielle de 2016.
Tom Barrack, le milliardaire et ami de Trump arrêté pour avoir travaillé secrètement pour MBZ
Le milliardaire américain et ami de Donald Trump a été arrêté en juillet 2021 pour «avoir tenté d’influencer la politique étrangère lors de la campagne présidentielle de Trump en 2016 et pendant les premières années de l’administration Trump».
Sept chefs d’inculpation ont été retenus contre Thomas Barrack, accusé de s’être servi de son accès à Trump pour promouvoir les objectifs de politique étrangère des Émirats arabes unis.
L’acte d’inculpation stipule que Barrack et deux autres individus agissaient et conspiraient en vue d’agir comme des agents des Émirats entre avril 2016 et avril 2018.
Les investigation ont également révélé que la société d’investissement immobilier et privé de Tom Barrack a reçu environ 1,5 milliard de dollars de la part de l’Arabie saoudite et des EAU juste entre la période allant de l'investiture de Trump à Juin 2021.
Biden et Bennett bloquent la vente des F35, MBZ dépité, claque 19 milliards de dollars dans le plus grand deal d'achat de Rafales de l'histoire de la France
MBZ tenait à ses F35. Ces avions dernière génération que les alliés des États-unis s'arrachent, tellement ils apporteraient une suprématie aérienne manifeste. L'acquisition de ces appareils, était d'ailleurs une des conditions que le prince héritier des E.A.U avait imposé à Donald Trump pour signer les accords d'Abraham. Netanyahu avait signifié clairement son désaccord mais l'ancien président américain avait réussi à décrocher le feu vert du Congress.
Arrivé au pouvoir, Biden ne dira pas non à la vente des F35 à MBZ mais pose de nouvelles conditions: Les Émirats n'en auront qu'une version sous-équipée tout en se soumettant à l'obligation systématique d'un accord du Pentagone avant toute utilisation.
MBZ rejète l'offre et signifie son irritation pour non respect d'engagement de l'accord ratifié par l'administration Trump. La riposte du dirigeant émirien sera à la hauteur de sa colère. Le 3 décembre 2021, à l'occasion de la visite d'Emmanuel Macron à Abu Dhabi, MBZ offre au président-candidat le plus grand bon de commande de l'histoire du constructeur français Dassault. «80 avions de chasse pour Abu Dhabi, soit une commande d'environ 19 milliards de dollars sans les armements, c'est du jamais-vu pour Dassault et une somme exceptionnelle pour l'industrie française. » avait titré LesEchos.
Avec cet accord, MBZ n'a pas réussi qu'à faire perdre au Pentagone 19 milliards de dollars mais à faire gagner Emmanuel Macron le double de la marge nette qu'il allait constaté en vendant ses sous-marins à l'Australie. Ce fameux «deal du siècle» de la marine française, capoté à la dernière minute par l'alliance AUKUS, l'alliance militaire entre l'Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Le Qatar, l'allié préféré des démocrates au Moyen-Orient, propulsé nouvel allié majeur de l'OTAN
Les démocrates ont cultivé depuis l'ère Obama une affinité particulière avec le Qatar. La puissante influence médiatique de la péninsule a joué un rôle décisif durant le printemps arabe et a constitué un relais efficace aux médias pro-démocrates dans la guerre du Yemen et les affaires Khashoggi et Pagasus.
C'est aussi au régime du Qatar que Biden a confié le rôle d'intermédiation et de gestion du retour des Taliban au pouvoir, excluant de facto le parrain historique du mouvement l'Arabie Saoudite ainsi que les Émirats arabes unis.
L'avènement du conflit en Ukraine va positionner davantage Doha sur la scène internationale en sa qualité d'allié indéfectible de Washington. D'ailleurs pour rassurer l'Allemagne, Biden a demandé au Qatar de se préparer à fournir du gaz naturel à l'Europe en cas de déclenchement de guerre avec la Russie. La concurrence entre Tamim et MBZ n'en a fait que s'amplifier.
En effet, au moment où le président israélien visitait Dubaï, l'Émir du Qatar Tamim ben Hamad était reçu par Joe Biden à la Maison Blanche. Le président démocrate le couvre d'éloges, le qualifie de «bon ami» et le désigne officiellement «allié majeur de l'OTAN». Une désignation qui a été refusée auparavant à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis.
Pour enfoncer le clou et montrer une autre preuve de son désamour pour MBZ, Biden annonce en présence de Tamim et devant les caméras la signature d'un contrat de vente de 50 Boeing 737 MAX au Qatar. Et comme dans la politique la vengeance est toujours un plat qui se mange froid, le montant de ce juteux «deal» annoncé par le président américain s'élève à 20 milliards de dollars. Soit 1 milliard de dollars de plus que la contrat des Rafales signé entre Mohammed Ben Zayed et Emmanuel Macron, deux mois plus tôt.
«Abu-Dhabi n'est plus protégée»
Pour la troisième fois depuis le début du mois de janvier et en deux semaines seulement, les Émirats arabes unis ont été la cible d'attaques de drones et de missiles lancés par les rebelles houthis du Yémen. Ce lundi 31 janvier, un missile balistique visant Abu Dhabi a certes été intercepté par le système de défense aérien du pays, sans faire aucune victime humaine ni de dégât matériel, mais le timing de son lancement est crucial. L'agression a coïncidé avec la visite «historique» du président israélien, Isaac Herzog, aux Émirats.
Longtemps épargné, le régime MBZ se sent pour la première fois menacé et son territoire «non protégé». Rappelons que la première attaque en date du 17 janvier 2022, revendiquée par les Houthis, a fait trois morts, des travailleurs asiatiques, un Pakistanais et deux Indiens.
La réaction officielle des États-unis, outre la condamnation de l'attaque, a été de mettre en garde ses citoyens contre les risques liés aux voyages aux Émirats arabes unis.
«Reconsidérez votre voyage en raison de la menace d'attaques de missiles ou de drones», a publié le département d'État américain sur son site Web.
La pire chose qu'on pourrait faire à MBZ. Qui pour éviter que son pays soit touché par les guerres en Syrie et au Yémen entretenait des relations directe avec l'Iran en dépit de sa position officielle anti-mollahs. Parait-il, le sujet iranien a été un des points traités lors de la visite non annoncée de Naftali Bennett à Abu Dhabi le 13 décembre 2021.
Dommages collatéraux en Egypte et crispation au Maroc
Egypte : al-Sissi met fin à la rébellion des hommes de paille d'Abu Dhabi
Le désamour entre Biden et MBZ a eu des répercussions immédiates en Egypte. Abdelfattah al-Sissi, se préparant à s'émanciper de l'emprise des pays du Golfe sur son pays, a du gérer la pression des démocrates sur la question des droits de l'homme et faire face à une rébellion synchronisée des hommes de paille des Émirats arabes unis dans son pays.
Au sujet des revendications des ONG américaines, al-Sissi a mené une grande campagne de «cosmétique» sur les prisonniers politiques et leurs conditions d'incarcération. Quand à la montée au créneau d'homme d'affaires critiquant l'hégémonie économique des militaires, le «Raiss» a réglé le sujet en direct devant les caméras puis a disqualifié les meneurs, notamment le promoteur milliardaire Naguib Sawiris et le magnat des médias Mohamed Al-Amin. Ce dernier sera même inculpé d'agression sexuelle sur jeunes filles mineurs de son orphelinat.
Les relations entre Biden et al-Sissi restent fortes, en dépit de la pression qu'exercent quelques sénateurs démocrates au sujet des droits de l'homme en Égypte. L’administration américaine vient d'approuver la vente de radars de défense aérienne et d’avions C-130 Super Hercules au Caire pour une valeur combinée de plus de 2,5 milliards de dollars. Al-Sissi a su gagner la confiance de Biden grâce à sa gestion de sa bonne distance avec MBZ et à sa médiation, en avril de l'an dernier, pour aider à mettre fin aux hostilités entre Israël et les militants du Hamas.
Maroc : Les relations avec Israël battent de l'aile, volte-face d'Irina Tsukerman et Touhfa accuse les Émirats d'espionnage
Les répliques des tensions entre les États-unis et les Émirats arabes unis commencent à se faire ressentir au Maroc. Une secousse aurait à ce titre touché le Chef de Gouvernement, Aziz Akhannouch, lors de sa dernière visite à Abu Dhabi. «Elle se serait mal passée» croit savoir un observateur. «D'ailleurs depuis son retour, il semble être en disgrâce» poursuit notre source.
Si c'est le cas, Akhannouch devrait se rattraper lors de son voyage prévu ce weekend au Qatar à la tête d'une délégation ministérielle. Cette visite qui survient au lendemain de la rencontre entre Biden et Tamim, verra la signature de plusieurs conventions bilatérales avec le gouvernement qatari.
L'autre dommage collatéral des tensions USA/E.A.U sont les accords d'Abraham. Mohammed Ben Zayed étant l'un des initiateurs du deal, s'est retrouvé du jour au lendemain sans relais à la Maison Blanche et face à un gouvernement Naftali Bennett, qui tient plus à regagner la confiance de l'administration américaine, que de faire plaisir à son allié arabe.
Les accords d'Abraham se retrouvent ainsi au point mort. Le processus de normalisation entre le Maroc et Israël également.
D'ailleurs, mis à part l'accueil chaleureux réservé au ministre de la défense israélienne, le Général Benny Gantz, Rabat n'a fait aucun pas vers le renforcement des relations diplomatiques avec Tel-Aviv. Le chargé d'affaires israélien David Govrin, dont les sorties médiatiques désastreuses l'ont rendu peu fréquentable, a beaucoup de peine à faire bouger les lignes. Govrin fonctionne avec un logiciel déformé de par les contextes jordaniens et égyptiens dans lesquelles il a évolué depuis le début de sa carrière. De plus, il se retrouve désarmé face à la condition sine qua non du Royaume pour des relations «normales» avec l'Etat hébreu: «la reconnaissance da la marocanité du Sahara».
Ce contexte particulièrement tendu est resté une affaire de coulisses et de diplomates, jusqu'à ce que deux «influenceurs» s'emmêlent. Ils appartiennent certes à deux mondes parallèles mais partagent par contre la même mission celle de propagandistes.
Irina Tsukerman se lâche sur notre «héros national», Nasser Bourita
Depuis le 24 janvier 2022, c'est l'incompréhension totale et la stupéfaction générale sur le Twitter marocain. Irina Tsukerman, fervente défenseur de la cause nationale et des relations maroco-israéliennes s'est mise subitement à s'en prendre à «l'héros national» Nasser Bourita.
Ce n'est pas moins de 114 tweets assassins que l'avocate et propagandiste israélienne a posté en rafale et en 4 salves sur 7 jours.
Méthodique, elle prenait en cible une personnalité et un sujet et disait systématiquement tout le mal qu'elle pensait de Bourita et du Qatar.
Irina Tsukerman : Ses principaux sujets de prédilection
Les 114 tweets s'articulent tous autour de trois principaux «topics» :
- Pegassus
- Les Houthis
- Le Qatar
Irina Tsukerman : Ses cibles à abattre
- Jamal Benomar : Elle l'accuse d'espionnage pour le Qatar et d'être pro-Houthis,
- Nasser Bourita : Elle l'accuse d'avoir couvert Jamal Benomar et d'avoir mal défendu le Maroc des attaques de l'administration américaine et de l'Elysée,
- Jared Kushner : Elle l'accuse d'avoir saboter les Accords d'Abraham en imposant aux E.A.U l'accord d'Al-Ula,
- Yariv El Baz : Elle l'accuse de n'avoir d'autres objectifs que de s'enrichir sur le dos des Accords d'Abraham,
- Richard Attias : Elle l'accuse d'avoir profiter du Maroc, de l'Arabie saoudite et des E.A.U tout en fermant les yeux sur la campagne de diffamation du journal Le Monde contre ces mêmes pays.
Irina Tsukerman : Ses lignes rouges
- Le Roi Mohammed VI
- Israël
Irina Tsukerman : Son plaidoyer
L'avocate et propagandiste israélienne affirme que les Accords d'Abraham se désagrégaient et que les relations entre le Maroc et les Etat-unis et Israël allaient dans le mauvais sens. Alarmiste jusqu'au bout, elle prédit une prise de position négative de Joe Biden au sujet du Sahara.
Irina Tsukerman blâme en premier lieu le ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Bourita pour :
- avoir subit la pression des États-unis sur les droits de l'homme sans montrer aucune résistance ni déployer une stratégie de défense,
- n'avoir pas bien exploité les liens prouvés liant le Hezbollah, les Houthis et les séparatistes du Polisario,
- avoir été sous l'influence de l'ancien envoyé spécial de l'ONU au Yémen, le marocain Jamal Benomar, accusé d'espionnage pour le Qatar et d'acquaintance avec les Houthis. Une influence qui aurait poussé Bourita à ne pas s'engager dans une campagne anti-yéménite,
- avoir laissé faire Richard Attias en faisant appel à son agence de communication Publicis sans lui demander des comptes sur la campagne de diffamation contre le Maroc lancée par le journal LeMonde. Notamment au sujet de l'affaire Pegasus. Une information basée sur un fait qu'elle rapporte affirmant l'existence d'un lien d'actionnariat entre Lagardère, Publicis et LeMonde. Ce qui est faux.
L'influenceuse israélienne s'est également lâchée sur le groupe composé de Jared Kushner, Yariv El Baz et Richard Attias en les accusant «d'escroquerie». Pour elle, cette «clique» aurait vidé les accords d'Abrahams de tout leur sens en cherchent uniquement à s'enrichir.
Pour le gendre de Donald Trump, les accusations de Tsukerman vont plus loin. Elle estime que Kushner a torpillé les Accords d'Abraham le jour même où il a fait pression sur MBZ et MBS au nom de Trump pour lever l'embargo sur Tamim.
«Le Sommet d'Al-Ula qui a débouché sur une reprise complète des relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite, l'Égypte, les Émirats, le Bahreïn et le Qatar, a donné l'occasion à ce dernier de mener une opération de sabotage des accords de normalisation entre Israël et les pays arabes», affirme-t-elle.
Irina Tsukerman va consacrer autant de tweets injurieux contre le Qatar que contre Nasser Bourita. Un pays qu'elle tient pour responsable de la campagne mondiale contre Pegasus dans le but de «ruiner un pan entier de l'industrie israélienne» et tuer dans l'oeuf les Accords d'Abraham. Elle accuse également Doha d'encourager les Houthis dans leurs attaques contre les Emirats arabes unis.
Le YouTubeur Touhfa : «Les émiratis espionnent les marocains à travers Hespress»
Un autre influenceur, un autre environnement et d'autres éléments de langages. Ce YouTubeur installé en Floride aux Etat-unis qui brasse dans son sillage une large frange des marocains résidents à l'étranger avec une forte audience féminine, s'est engagé dans une campagne anti-émirats. Curieusement, sa première vidéo sur le sujet a été postée exactement le même jour que la première salve de tweets d'Irina Tsukerman, le 24 janvier 2022.
Le plaidoyer de Touhfa est plus simple. Le ministre des Affaires Étrangères des E.A.U, Mansour ben Zayed et le maître-espion d'Abou Dhabi, Tahnoon ben Zayed utilisent des proxies notamment le site web d'information Hespress, racheté en 2019 par les Emirats, pour «espionner et attaquer le Maroc».
Ce sont pratiquement les mêmes accusations portées contre le site d'information quatre années plus tôt. En cette période, les relations entre Rabat et Abu Dhabi étaient au plus bas et Hespress avait adopté une ligne éditoriale anti-Qatar.
Sauf que cette fois-ci, Touhfa va impliquer les cheikhs sus-cités, deux des plus hauts responsables émiratis après MBZ et Ben Rachid. Pour le YouTubeur, Mansour ben Zayed, ministre des Affaires étrangères serait aigri de ne pas avoir accès au Roi Mohammed VI. Cela l'aurait poussé à manoeuvrer contre les intérêts du Maroc en soutenant entre autres l'Algérie et en «espionnant les hauts responsables du pays», notamment à travers Hespress.
Rapprochement avec le Qatar en marche !
L'annonce ce mardi de la visite officielle d'une délégation ministérielle menée par Aziz Akhannouch, au lendemain de la rencontre importante entre Joe Biden et Tamim ben Hamad est un signal fort donné par le Maroc sur sa nouvelle orientation stratégique de sa diplomatie. C'est aussi sans aucun doute une conséquence de l'isolement de MBZ sur la scène internationale suite à son bras de fer avec Biden.
Rappelons que le Prince hériter émirati avait réussi à froisser son ancien ami, Mohammed ben Salmane qui s'est mis dans la tête de mener une guerre économique avec les E.A.U afin de réaliser les objectifs de sa vision 2030.
Concernant ce nouveau rapprochement avec le Qatar, Akhannouch qui entretient de bonnes relations avec le père de Tamim, aura sans aucun doute plus de facilité à mener à bien cette mission.
Un monde de tous les dangers
Depuis la crise financière de 2008, la planète est entrée dans une zone de turbulence avec des cycles de crises relativement longs. Les pays se doivent de piloter leur économie et leur sécurité avec peu de visibilité en prenant beaucoup de risques.
Les grandes démocraties vacillent. On l'a vu durant l'assaut du Capitole et on le voit aujourd'hui avec ce spectacle dramatique que nous offrent les présidentielles françaises ainsi qu'avec cet émerveillement prononcé de l'intelligentsia allemande et française devant la montée en puissance du nouveau Tsar russe Vladimir Poutine.
La fragilité et la versatilité sont devenues l'une des principales caractéristiques des relations internationales de notre époque. Nos dirigeants s'y adaptent, les citoyens les subissent.
Seul remède à ses gueules de bois à répétition est de rester unis autour d'un projet de société et autour de notre leader.