Le Conseiller spécial du Président américain, Jared Kushner, et le premier ministre Israélien, Benjamin Netanyahu, ont tenu lundi soir un point de presse, la veille de l'inauguration du premier vol commercial direct entre Israël et le Maroc, annonçant la reprise des relations entre les deux pays, mises en veilleuse en 2000 après le déclenchement de la deuxième intifada en 2000.
Avec Agences
«Demain nous allons, avec fierté, aller de l'avant avec les accords d'Abraham (nom des accords de normalisation, ndlr) avec le premier vol commercial direct, d'El Al, d'Israël au Maroc», a déclaré lundi soir à Jérusalem M. Kushner lors d'un point de presse aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Jared Kushner qui a atterri en Israël ce lundi a tenu à remercier le roi Mohammed VI pour ses efforts et ses conseils pour la paix : « Je remercie mon ami le roi Mohammed VI pour avoir donné son accord cette année à une normalisation de ses relations avec Israël et qui ouvre une nouvelle opportunité pour l'Afrique du Nord et l'ensemble du Proche-Orient. »
M. Kushner a indiqué que les accords d'Abraham avaient conduit à des «résultats spectaculaires», assurant avoir «fait preuve de réalisme face à ces défis qui n'avait pas été résolus depuis trop longtemps».
«Trump a accepté de prendre des risques que personne n'avait voulu prendre», a-t-il assuré. «Tout cela a permis la naissance d'un nouveau Proche-Orient.»
«J'espère que cette nouvelle ère va ouvrir de nouvelles opportunités au Proche-Orient», a poursuivi M. Kushner, expliquant en outre que l'antisémitisme et la désignation de bouc-émissaires avaient «entraîné un comportement destructeur qui a duré bien trop longtemps. Les peuples veulent la paix».
«Israël est prêt à faire des compromis véritables pour la paix et non pour sa sécurité, j'appelle le monde à comprendre la perspective israélienne», a-t-il conclu.
Une explosion de paix
La visite de Kushner en Israël est probablement la dernière à son poste de conseiller principal de la Maison Blanche. Lors de ses réunions multiples ce maton depuis l'ambassade américaine, a été l'occasion aux responsables israéliens et américains de le remercier ainsi que Trump pour leurs efforts au nom d'Israël, rapporte le Jerusalem Post.
Netanyahu qui a reçu le conseiller de Trump dans sa résidence a remis à ce dernier une plaque, l'ambassade des États-Unis à Jérusalem a nommé sa cour intérieur «Kushner», tandis que le Keren Kayemeth LeIsrael-Jewish National Fund a inauguré dans le bosquet des nations dans la forêt de Jérusalem : «le jardin Kushner pour la paix».
Lors de la cérémonie dans le Bosquet des Nations, Kushner a évoqué le rôle que Jérusalem avait joué pour offrir des opportunités de paix, notant qu'elle n'était pas la source des divisions au Moyen-Orient.
«Jérusalem n'est pas la cause du problème; c'est le cœur de la solution», a-t-il déclaré.
En tant que petit-enfant des survivants de l’Holocauste, les arbres étaient une partie importante de l’histoire de sa famille, a déclaré Kushner. Il a rappelé comment pendant l'Holocauste, ses grands-parents s'étaient cachés dans la forêt et avaient combattu les nazis.
«Les accords de paix que nous avons conclus sont des graines plantées qui soutiendront la vie et porteront leurs fruits si elles sont correctement entretenues», a déclaré Kushner.
«Au cours des quatre derniers mois, nous avons conclu quatre accords de paix», a-t-il déclaré, ajoutant «qu'un accord de paix n'est possible que lorsque deux parties poursuivant des intérêts communs acceptent de prendre des mesures audacieuses.»
«En 2017, Trump a été averti qu'il déclencherait une explosion au Moyen-Orient», a déclaré Kushner. «Et il y a eu une explosion … Les actions audacieuses de Trump ont conduit à une explosion de paix.»
Abordant la décision de déplacer l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, il a déclaré: «Jérusalem reste ouverte et unit des personnes de toutes confessions».
«La transformation régionale est en marche», et «nous devons continuer à réécrire de nouveaux chapitres passionnants et ne pas revenir à de vieilles idées … le monde change pour le mieux», a déclaré Kushner.
Plus précisément, «l'Arabie saoudite autorise les Israéliens à arriver, Bahreïn ouvre des restaurants casher … Le Maroc enseigne l'histoire juive - des choses qui ne seraient pas imaginables autrement», a-t-il déclaré.
Kushner a terminé son discours en remerciant Netanyahu, qu'il a qualifié d'avoir été «un partenaire formidable pour la paix».
Le premier ministre israélien a déclaré qu'au cours des années, il avait rencontré plein de personnes qui ont voulu faire avancer la paix au Proche-Orient, que «tous avaient épousé des valeur nobles et avaient des intentions nobles, mais peu d'entre eux, si ce n'est aucun, n'a connu la réussite que vous avez connue, M. Kushner».
«Les initiatives (portées) par les accords d'Abraham ont permis d'avoir la paix avec les Emirats, Bahreïn, le Soudan et maintenant le Maroc, et il y en aura d'autres», a-t-il ajouté. «Vous pouvez être fier de votre contribution à la normalisation entre Israël et le monde musulman».
«Nous devons beaucoup à M. Trump et à ses actions, son leadership, nous sommes convaincus que ces réussites et accords vont perdurer», a souligné le Premier ministre.
«50.000 Israéliens viennent tout juste de se rendre à Dubaï et ce qui se passe là-bas est une révolution parce que les Emiratis les ont accueillis chaleureusement (...) et la même chose va se produire maintenant à Rabat et Casablanca», a déclaré Netanyahu.
«Vous allez voir que cette paix entre les Juifs et les Arabes à l'extérieur d'Israël est en train de créer un nouvelle dynamique, positive, entre les Juifs et les Arabes au sein même d'Israël», a ajouté le Premier ministre israélien, précisant que son conseiller spécial à la sécurité, Meir Ben Shabbat, sera du vol de mardi pour Rabat.
Ce vol Tel-Aviv/Rabat, qui doit être suivi par l'ouverture de ligne aérienne entre les deux pays, sera accompagné de la signature de plusieurs accords, selon le programme en cours de préparation à Rabat.
Le Maroc revendique l'affluent juif de son histoire
Israël, qui compte un million de juifs d'origine marocaine, et le Maroc, où vit encore la communauté juive la plus importante d'Afrique du Nord, avaient déjà entretenu des relations officielles à la fin des années 1990.
Deux bureaux diplomatiques ont assuré la liaison après les accords de paix israléo-palestiniens d'Oslo de 1993, jusqu'à leur fermeture après le déclenchement de la deuxième intifada en 2000.
Le nouvel accord formalise «un partenariat de facto remontant à plus de 60 ans», avec notamment une «coopération dans le domaine du renseignement et de la sécurité», a rappelé Ahmed Charaï, patron de presse marocain connu pour sa proximité avec les cercles de pouvoir, dans une chronique publiée par le Jerusalem Post.
Car si les relations étaient officiellement suspendues, les liens n'ont jamais cessé: les échanges commerciaux bilatéraux ont représenté 149 millions de dollars entre 2014 et 2017, selon des statistiques publiées par la presse marocaine, et le Maroc figure parmi les cinq plus importants clients africains d’Israël, selon un bulletin de la chambre de commerce France-Israël.
Fait rare dans le monde arabe, le Maroc revendique «l'affluent juif» de son histoire, sous l'impulsion du roi Mohammed VI. Casablanca accueille notamment un «musée du judaïsme marocain», affirme l'AFP.