Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Samih Shoukry est, depuis mardi, dans la capitale libanaise, Beyrouth, pour exprimer le soutien de l'Egypte au gouvernement libanais et ses institutions, et renforcer les relations bilatérales entre les deux pays. Samih Shoukry rencontrera le président libanais nouvellement désigné, le Général Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri auxquels il remettra deux messages du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi.
La visite comprend également des entretiens avec un certain nombre de dirigeants politiques libanais les plus éminents, à leur tête le premier ministre du gouvernement intérimaire, Tammam Salam, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Kassil, le Président du Parlement, Nabih Berri, ainsi qu'un certain nombre de chefs de partis politiques libanais.
Les entretiens se focaliseront sur les relations bilatérales entre les deux pays à différents niveaux, les développements les plus importants sur les scènes régionale et internationale, ainsi que l'évolution de la situation interne du Liban après la fin de la crise du vide présidentiel.
Cette visite intervient à un moment crucial de la situation au Proche-Orient, notamment en Syrie. Les israéliens, par exemple, estiment que l’élection de Aoun au poste de président du Liban signifie que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est le grand gagnant de la partie. Surtout que l’allié de l’Arabie saoudite, Saad Hariri, s'est aligné sur la voie du Hezbollah ce qui permet à Hassan Nasrallah et aux Iraniens d'augmenter davantage leur influence sur le Liban. De leur côté, les chrétiens maronites du Liban comptaient sur le soutien de la France et des Etats-Unis ou même d’Israël.
Or, aujourd’hui la situation a changé vu que Aoun et les Maronites ont lié leur sort à celui de Hassan Nasrallah et du pouvoir syrien. D'ailleurs, Bachar al-Assad n'a pas manqué de féliciter Michel Aoun suite à son élection à la tête de l'Etat libanais. Outre le soutien du Hezbollah, le général Aoun a obtenu l’appui inopiné de deux de ses adversaires : Samir Geagea chef des Forces libanaises et Saad Hariri.
D'ailleurs, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Samih Shoukry, a rencontré aujourd'hui Samir Geagea et, d'une pierre deux coups, il tentera de mieux assimiler le rôle de Téhéran au Liban et, pourquoi pas le contrecarrer, et, d'autre part, damer le pion à Ryad en raison de la fraîcheur de la relation de l'Arabie saoudite avec le Liban et l'Égypte.
Le Caire, capitale d'une puissance sunnite gardera ainsi une certaine influence sur ce Liban fragile mais éminemment stratégique en vue de toute solution future -même hypothétique- aux problèmes de la région.