Alors que sur le terrain, le gouvernement autoproclamé de Khalifa Haftar réalise des avancées, le ministre de l’Intérieur du gouvernement de Tripoli, Fathi Bashagha s’est rendu hier à Rabat pour rencontrer des responsables marocains de haut niveau dont Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Tripoli recherche le soutien du Maroc pour ramener la paix et la stabilité au Maroc. Les entretiens entre les deux hommes ont porté notamment sur la situation sécuritaire en Libye et son impact sur le processus de stabilité de cette dernière et des pays de la région. Le gouvernement libyen cherche l’appui du Maroc pour la mise en place de forces de sécurité légitimes aptes à ramener l’ordre dans le pays.
أشاد وزير الداخلية الليبي #فتحي_باشاغا، اليوم الاثنين بالرباط، بالدعم الموصول الذي تقدمه المملكة من أجل تحقيق الاستقرار في بلاده، مؤكدا أن اتفاق #الصخيرات يظل الأرضية المثالية للوفاق الوطني.https://t.co/lw0hJwK5pc pic.twitter.com/CcFf7NV7ZI
— MAECI Maroc 🇲🇦 (@MarocDiplomatie) February 18, 2019
À Rabat, Fathi Bashagha a affirmé que les Libyens doivent nécessairement se démarquer des agendas politiques extérieurs en s'organisant sans aucune ingérence étrangère et en renforçant le dialogue national pour tenter de remédier à la fracture interne. De son côté, le chef de la diplomatie marocaine a réitéré l'engagement du Maroc à aider la Libye dans le processus de stabilité et de sécurité, y compris par le biais de programmes de soutien communs à la population libyenne. Ces programmes devraient être laissés hors de la portée des intérêts des pays étrangers qui sapent le processus de construction de l'Etat, sachant que la Libye assure depuis le 1er janvier 2019 la présidence de l’initiative 5+5 Défense, forum créé en 2004 et qui favorise la coopération entre les États de la Méditerranée occidentale.
Ghassan Salamé rencontre Khalifa Haftar
Le déplacement du ministre de l’Intérieur libyen a été effectué alors que Ghassan Salamé, le représentant spécial de l'ONU et chef de la Mission de soutien des Nations Unies en Libye (MANUL), visitait Benghazi, où les agences onusiennes s’apprêtent à ouvrir leurs bureaux. La rencontre a eu lieu au siège de l’ANL à Rajmeh. Salamé a eu une longue réunion avec Khalifa Haftar, le chef de l'armée nationale libyenne (ANL) au cours de laquelle ils ont abordé des sujets brûlants comme la situation à Derna, libérée des mains de Daesh et d’Al Qaïda, la situation dans le Sud du pays et les derniers développements sur la scène politique. Les deux hommes ont également abordé la préparation du Forum national qui doit se tenir au début de cette année.
SRSG @GhassanSalame met today with LNA Commander Field Marshal Khalifa #Haftar in Rajma #Benghazi & discussed with him the developments in the south, humanitarian situation in Derna, and the overall political situation in #Libya including the preparations for #alMultaqa_alWatani. pic.twitter.com/R5wUQvAEuw
— UNSMIL (@UNSMILibya) February 18, 2019
Selon les médias italiens, il semblerait qu’il y ait un accord entre Haftar et le président du conseil présidentiel du gouvernement de Tripoli, Fayez al-Serraj, concernant la libération du sud de la Libye des terroristes et des groupes criminels. Toutefois, le contrôle par l’ANL de plusieurs puits pétroliers a fait naître des doutes à Tripoli notamment en ce qui concerne le pacte conclu, de même que des divergences entre la France et l’Italie.
L'idée d'une nouvelle « guerre » entre l'Italie et la France a été alimentée non seulement par les médias proches du gouvernement de Tripoli, mais également par la récente crise diplomatique entre Rome et l'Elysée, qui a conduit au rappel de l'ambassadeur français à Rome. La Turquie, par la voix de son envoyé en Libye, Emrullah İşler, a estimé que la conquête du pays par les armes par l’ANL est une violation des accords de Skhirat. « Les forces de Haftar ont facilement éliminé leurs adversaires grâce au soutien aérien de l'Égypte et des Émirats arabes unis », a déclaré İşler à l'agence de presse Anadolu, mais a omis de mentionner la France. L’envoyé turc en Libye a estimé que la solution à la crise devait passer par le dialogue, loin des interventions extérieures.
Annoncé pour le début de l’année, le Forum national libyen tarde à prendre forme. Aucune date n’est pour l’heure avancée, bien que plusieurs parties aient manifesté leur volonté d’organiser des élections en 2019. Peut-être une réponse dans les heures qui viennent après la rencontre prévue aujourd’hui entre, d’une part, Ghassan Salamé et le président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh Issa et, d’autre part, l’ambassadeur de France en Libye, Béatrice Le Fraper Du Hellen, avec le vice-président du Conseil du gouvernement d’Accord national, Ahmed Maeteeq.