« Pas maintenant » : MBS repousse l’offensive de Trump sur Israël

La rencontre très attendue entre le président américain Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS), le 18 novembre à Washington, n’a pas eu la fluidité affichée devant les caméras. Selon plusieurs sources américaines citées par Axios, les échanges ont été particulièrement vifs lorsque les deux dirigeants ont abordé un sujet que la Maison Blanche considère comme prioritaire : l’adhésion de l’Arabie saoudite aux Accords d’Abraham et la normalisation des relations avec Israël.

Avec la fin de la guerre à Gaza, l’administration Trump comptait faire de cette rencontre un tournant diplomatique. L’objectif : obtenir de Riyad un engagement clair en faveur d’une normalisation rapide avec Israël, afin d’élargir le cadre régional inauguré en 2020 par les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc.

Or, si la communication officielle a soigneusement mis en scène une entente cordiale, la séance privée a révélé des divergences profondes.

Dès l’ouverture de la réunion, Donald Trump a insisté sur l’urgence de faire avancer le dossier. Pour Washington, la signature d’un accord saoudo-israélien serait une victoire stratégique majeure, confirmant la capacité des États-Unis à remodeler le Moyen-Orient post-guerre.

Mais MBS a opposé une résistance directe.

Selon le journaliste israélien Barak Ravid, le prince héritier a rappelé :

  • qu’il souhaitait une normalisation « tôt ou tard »
  • qu’une telle décision n’était pas viable dans le climat actuel, marqué par une opinion publique saoudienne très hostile à Israël après la guerre de Gaza
  • et qu’aucun accord ne serait possible sans un engagement israélien explicite sur « un processus crédible, irréversible et calé dans le temps » menant à un État palestinien.

Un point totalement rejeté par le gouvernement israélien, qui s’oppose à toute forme de trajectoire vers un État palestinien.

Les échanges ont alors gagné en tension.

« Le président était irrité et déçu. Il a essayé très durement de convaincre MBS. Mais le prince héritier est un homme fort, il a tenu sa position », confie une source américaine.

Malgré la fermeté affichée, MBS n’a pas fermé la porte à une normalisation future. Selon un responsable américain : « Il n’a jamais dit non. Il dit : pas maintenant. »

Le calcul saoudien repose sur deux impératifs :

  1. Préserver la stabilité interne, dans un contexte de sensibilité extrême de l’opinion publique.
  2. Obtenir un prix diplomatique élevé, conditionné au dossier palestinien.

Devant la presse, Donald Trump avait annoncé vouloir fournir à l’Arabie saoudite le même modèle avancé de F-35 que celui opéré par Israël.

Une déclaration aussitôt corrigée par le secrétaire d’État Marco Rubio lors d’un appel à Benyamin Netanyahou : Riyad recevra une version déclassifiée, préservant la supériorité militaire qualitative d’Israël (QME), un engagement inscrit dans la loi américaine.

Washington a ensuite réaffirmé au gouvernement Netanyahou que la QME ne serait en aucun cas compromise.

De manière notable, Donald Trump n’a pas évoqué avec MBS la procédure judiciaire intentée par les familles de victimes du 11 Septembre, une plainte relancée récemment par un juge fédéral au vu « d’éléments accablants » concernant la complicité présumée de responsables saoudiens. Le dossier demeure pourtant un irritant majeur entre les deux pays.

La Maison Blanche continue de présenter la normalisation généralisée au Moyen-Orient comme un pilier de sa vision stratégique : « Maintenant que le programme nucléaire iranien a été totalement neutralisé et que la guerre de Gaza est terminée, le président Trump considère comme essentiel que tous les pays du Moyen-Orient rejoignent les Accords d’Abraham », a déclaré un responsable américain.

Mais du côté saoudien, l’incident souligne la complexité d’une bascule historique qui exige un contexte régional apaisé, un consensus interne et un engagement réel sur la question palestinienne.

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