Sahara : «Le Monde» décrit une vitrine, le Maroc construit l’avenir d’un continent

La réalité avance à Laâyoune, le vocabulaire reste bloqué avenue Pierre Mendès

À la lecture des deux reportages que Le Monde consacre coup sur coup à Dakhla et Laâyoune, difficile pour les lecteurs marocains de ne pas s’interroger : s’agit-il d’une réaction diplomatique aux articles corrosifs du quotidien français qui avaient suscité un vif émoi dans l’opinion publique ? La séquence est d’autant plus sensible que des informations ont circulé sur la suspension d’une visite d’État du roi Mohammed VI en France, alimentant les spéculations sur la nature des relations bilatérales. Pourtant, dans ce climat, certains signaux rappellent que la relation ne se résume pas aux tensions médiatiques : la présence à Paris du général d’armée Mohammed Berrid, inspecteur général des FAR, aux côtés du chef d’état-major français Thierry Burkhard, illustre la continuité et la solidité du dialogue stratégique entre les deux pays.


Il n’aura pas fallu plus d’une semaine après la polémique déclenchée par une série d’articles sévères sur la monarchie marocaine pour que Le Monde publie coup sur coup deux reportages sur le Sahara. Après Dakhla, décrite comme un « immense chantier » et Laâyoune, présentée comme « vitrine du développement », le quotidien français semble découvrir une réalité matérielle qui dépasse largement le vocabulaire algérien figé de « territoire non autonome ». Coïncidence éditoriale ? Difficile à croire. Car derrière les descriptions techniques et les images de chantiers, le ton du journaliste Simon Roger reste le même : reconnaître les avancées, mais en insistant sur le statut disputé.

Une admiration prudente, une distance affichée

À Laâyoune comme à Dakhla, le journaliste ne cache pas l’ampleur des transformations : Cubipod du port Atlantique assemblés comme des Lego, convoyeur de 102 kilomètres à Phosboucraa, voie express Tiznit–Dakhla, serres géantes et centrale de dessalement confiée à Nareva et Engie. Le Maroc bâtit ports, universités, hôpitaux, infrastructures énergétiques. Mais chaque fois que surgit la question politique, Le Monde se replie sur les formules du type : « territoire disputé », « vocation à l’autodétermination », ou encore l’idée que « les autorités tiennent à démontrer la participation de la population sahraouie ». Comme si les 6 % de croissance enregistrés par les Provinces du Sud ou les milliers d’emplois créés restaient des arguments suspects.

Face à cette lecture, le récit marocain est clair : il ne s’agit pas d’une vitrine, mais d’une souveraineté assumée, consolidée par le développement. Le Royaume parle de « Provinces du Sud », de régionalisation avancée, de coopération Sud-Sud. Les chiffres de croissance, les projets d’hydrogène vert, les ouvertures de consulats et la reconnaissance internationale – américaine en 2020, espagnole en 2022 et française en 2024 – sont autant de jalons d’un processus irréversible. Là où Le Monde voit un « territoire disputé », Rabat affirme la marocanité sans concession, portée par une vision royale saluée par le monde entier – y compris par les politiques, décideurs et observateurs français – et la participation des habitants aux institutions.

Entre ambiguïté Le Monde et clarté américaine

Au fond, les articles du quotidien français révèlent une contradiction : ils décrivent des villes modernes, des chantiers titanesques, une économie diversifiée tournée vers l’exportation. Mais ils continuent de présenter le Sahara comme un territoire suspendu entre deux légitimités. Or, sur le terrain, la réalité est celle d’un espace transformé, ancré dans l’économie marocaine et de plus en plus central dans les échanges entre l’Afrique et l’Europe.

Cette prudence lexicale tranche radicalement avec la position américaine, claire et sans ambiguïté. Ce vendredi 5 septembre 2025, le conseiller principal du président américain pour l’Afrique, Massad Boulos, a rappelé à l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura : « l’autonomie véritable sous souveraineté marocaine est la seule solution possible pour le Sahara occidental ». Washington ne parle pas de vitrine ni de décor, mais d’une issue politique unique, validant de fait la stratégie de développement et d’intégration menée par Rabat.

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La réalité avance, malgré les circonvolutions éditoriales

La véritable question n’est donc plus de savoir si Laâyoune et Dakhla sont des vitrines. C’est de comprendre pourquoi, malgré l’évidence des investissements, l’élan diplomatique et l’adhésion des populations locales, certains aigris persistent à voir dans ces villes un décor politique. Le Maroc, lui, avance. Et ses capitales du Sud n’attendent plus d’être reconnues : elles s’imposent déjà comme les points névralgiques de l’Afrique atlantique — pendant que Washington tranche, et que les derniers récalcitrants Parisiens nuancent.

Finalement, à lire ces lignes du Monde, on mesure que derrière les fioritures terminologiques et les formules algériennes, se cache une victoire : celle d’une reconnaissance à peine voilée, venue d’un journal historiquement l’un des plus critiques du Maroc. Le reporter n’a pu dissimuler la réalité d’une transformation profonde, inscrite dans le mouvement global qui a métamorphosé le royaume, de Tanger à Rabat, de Laâyoune à Dakhla.

Nawfal Laarabi
Nawfal Laarabi
Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist 20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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