La Jordanie qui a été secouée ces derniers jours par une vague de protestation et de tension sociale sans précédent a réussi à désamorcer la bombe. Ceux qui y voyaient déjà des prémisses d’un «remake d’un certain printemps arabe» ont botté en touche et sont restés sur leur faim. Le Roi Abdallah II a reconnu devant les responsables des médias nationaux « que son pays traverse un contexte régional et économique inattendu et que la Jordanie se trouve à la croisée des chemins, soit une sortie de crise en assurant une vie digne au peuple soit un saut vers l’inconnu mais il faut qu’on sache où l’on va». Les amis de la Jordanie ont bien décrypté le message de la colère de la rue et ont manifesté leur volonté de venir à son chevet et ne pas le laisser tomber dans la déstabilisation.
Le roi Abdallah II a participé dimanche, à La Mecque, à un sommet consacré à la crise jordanienne auquel a appelé le roi Salmane Ben Abdelaziz avec la participation des dirigeants des Emirats arabes unis et du Koweït pour discuter d’apporter une aide économique consistante pour aider Amman à traverser cette crise aiguë.
Le Sommet a regroupé autour du souverain saoudien, le prince héritier Mohammed Ben Salmane, le roi Abdallah II, l’émir du Koweït, Sabah Al-Ahmad al- Jabir al-Sabah et l’émir de Dubaï, Cheikh Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum. Le Sommet s’est achevé avec l’annonce d’une batterie de mesures en faveur de la Jordanie.
Ainsi, l’Arabie saoudite , le Koweït et les Emirats arabes unis apporteront une aide économique de deux milliards et demi de dollars américains, et d’un dépôt d’argent direct à la Banque centrale de Jordanie dont le montant n’a pas été précisé, en plus de fournir des garanties à la Banque mondiale pour la Jordanie, un appui annuel au budget du gouvernement jordanien pour cinq ans et le financement par des fonds de développement pour des projets de développement.
Sur le front interne, le nouveau premier ministre, Omar Al Razzaz, a commencé par geler les prix des produits de première nécessité et entamé des négociations tout en expliquant que des «réformes douloureuses sont indispensables.»
L’agitation sociale est venue rappeler la fragilité économique du royaume hachémite, aggravé par l’accueil de plus d’un million de réfugiés syriens depuis 2011 coutant au pays plus de 10 milliards de dollars soit 4% de la richesse nationale pour l’accueil, les soins et l’éducation, en plus d’un fort taux de chômage parmi sa population active. Les chiffres officiels parlent de 18,5% et 20% vivant à la limite du seuil de pauvreté sans oublier la modicité de ses ressources.
Bien entendu, la Jordanie touche de temps à autre de l’aide internationale mais pas suffisante pour juguler autant de problèmes.
Ainsi la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Frederica Mogherini, s’est déplacée ce week-end à Amman où elle a été reçue samedi par le souverain hachémite. Au menu: la coopération stratégique et du partenariat entre le Royaume et l’UE.
Au cours de la réunion, ils ont passé en revue les réformes et les programmes économiques menés par le Royaume hachémite pour surmonter les défis économiques et financiers imposés par les crises régionales, a indiqué un communiqué de la Cour royale.
Au cours d’une conférence de presse tenue dimanche dans la capitale jordanienne, Frederica Mogherini a notamment a annoncé la signature d’un accord d’aide de 20 millions d’euros au profit de la Jordanie et a déclaré : «L’UE a offert un appui économique et financier à la Jordanie au cours des dernières années. Cet appui se poursuit et se poursuivra et nous veillons à garder le même niveau ».