Le Golfe à l’heure des arbitrages Trump–Musk

D’après une tribune d’Ahmed Fathi, correspondant auprès des Nations unies et analyste des affaires mondiales, auteur de « America First, The World Divided: Trump 2.0 Influence »

Quand Elon Musk accompagna le président Donald Trump lors d’une tournée très médiatisée dans le Golfe il y a quelques semaines, le signal était fort : les États-Unis entendaient affirmer leur suprématie technologique, et les puissances du Golfe n’en seraient pas de simples spectatrices, mais bien des co-investisseurs stratégiques.

À Riyad, Doha, Abou Dhabi, Musk fut accueilli avec tous les honneurs. Robots humanoïdes Tesla, avenir de Starlink dans la région, projets de villes intelligentes et rêves de conquête martienne s’invitèrent dans les salons dorés. Le Golfe croyait avoir trouvé en Musk un partenaire d’avenir. Puis tout a basculé.

Mais le vent tourne vite dans l’Amérique de Trump. Dans une rupture brutale et publique, le président a annoncé vouloir couper les ponts avec Musk, l’accusant d’ingratitude et menaçant de retirer les soutiens fédéraux. Pour les capitales du Golfe, l’alliance stratégique avec Musk se heurte désormais à une réalité plus politique : le retour d’un Trump imprévisible et transactionnel.

Une loyauté testée, une neutralité impossible

Dans sa tribune publiée sur American Television News ( ATN ), le journaliste Ahmed Fathi analyse la posture délicate des États du Golfe : « Dans l’ère post-mondialisation, les États du Golfe ont appris à parler le langage du capital et de la loyauté. Leur levier ne résidait pas dans le choix d’un camp, mais dans leur capacité à temporiser. »

Mais cette fois, le calcul devient risqué. D’un côté, Musk incarne le futur : IA, infrastructures intelligentes, transport autonome, économie interplanétaire. De l’autre, Trump tient les clés de Washington : ventes d’armes, influence diplomatique, accès au marché américain.

« Sous Trump 2.0, les alliances ne reposent plus sur les traités mais sur la loyauté personnelle. » écrit Ahmed Fathi.

Trois leaders, trois paris technologiques
  • Arabie saoudite : En avril 2025, Tesla a ouvert un flagship store à Riyad. Un mois plus tard, lors du déplacement de Trump dans la région, Musk annonçait que l’Arabie saoudite autorisait désormais l’usage de Starlink dans ses secteurs aérien et maritime.
  • Qatar : Musk s’est entretenu avec les responsables du fonds souverain qatari avant de participer au Qatar Economic Forum. Le pays s’impose de plus en plus comme un investisseur stratégique dans les technologies vertes et disruptives.
  • Émirats arabes unis : Abu Dhabi a lancé en mai 2025 le projet “Stargate UAE”, en partenariat avec G42, Nvidia, OpenAI, Oracle et d’autres. Un signal fort d’une volonté d’accélération dans la course mondiale à l’IA.
Et maintenant ? Les scénarios pour le Golfe

Ahmed Fathi esquisse plusieurs voies possibles :

  • Maintenir un équilibre fragile, en dialoguant à la fois avec la Maison Blanche et les géants technologiques.
  • Diversifier les alliances, en s’ouvrant à d’autres innovateurs pour éviter la dépendance à une seule figure.
  • Renforcer les alliances internationales, notamment en Asie ou en Europe.
  • Lancer une offensive diplomatique pour rassurer Washington sur la solidité des partenariats stratégiques.
Trump, toujours maître du jeu ?

Pour Fathi, la question n’est pas de savoir qui a raison dans la dispute Trump–Musk, mais qui détient le levier de pouvoir. Et ce levier reste entre les mains du président réélu : « Dans l’univers de Trump, ceux qui le défient peuvent survivre, mais ils ne prospèrent jamais. »

Alors que Musk continue de représenter l’esprit d’innovation, l’absence de feu vert politique venu de Washington pourrait compromettre sa percée dans la région. À terme, conclut Fathi, c’est peut-être la page du Moyen-Orient qui se refermera sur Musk, bien avant qu’elle ne soit écrite.

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