Attentat meurtrier au Cachemire : l’Inde donne 48 heures aux Pakistanais pour quitter le pays

L’Inde a annoncé une série de mesures diplomatiques et sécuritaires d’envergure visant le Pakistan, à la suite de l’attentat de Pahalgam qui a coûté la vie à 26 personnes. Réuni mercredi sous la présidence du Premier ministre Narendra Modi, le Cabinet Committee on Security (CCS) a décidé de suspendre l’application du régime d’exemption de visa pour les ressortissants pakistanais.

Avec AP

L’Inde a imputé mercredi au Pakistan la responsabilité d’une attaque menée par des militants, ayant fait 26 morts dans la partie du Cachemire qu’elle administre. À la suite de cette attaque, New Delhi a décidé de rétrograder ses relations diplomatiques avec Islamabad et de suspendre un traité crucial de partage des eaux, qui avait pourtant résisté à deux guerres entre les deux puissances nucléaires.

La fusillade, survenue mardi et visant des touristes dans une vallée pittoresque entourée de montagnes, constitue l’attaque la plus meurtrière depuis plusieurs années contre des civils dans cette région instable, revendiquée par les deux pays. Les tireurs, non identifiés, ont également blessé 17 autres personnes.

Le secrétaire indien aux Affaires étrangères, Vikram Misri, a annoncé les mesures diplomatiques prises à l’encontre du Pakistan lors d’une conférence de presse à New Delhi, mercredi soir. Il a précisé qu’une réunion spéciale du cabinet, convoquée par le Premier ministre Narendra Modi, avait conclu que l’attaque présentait des « liens transfrontaliers » avec le Pakistan. Le gouvernement n’a cependant fourni aucune preuve publique à l’appui de cette affirmation.

Le Pakistan accuse l’Inde de manipuler l’incident à des fins diplomatiques

Le Pakistan a indiqué qu’il apporterait une réponse plus complète aux mesures indiennes jeudi. En attendant, le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Mohammad, a déclaré que l’Inde utilisait « un malheureux acte de terrorisme » comme prétexte pour se délester d’un traité qu’elle cherche depuis longtemps à contourner.

L’Inde qualifie l’insurrection au Cachemire de terrorisme soutenu par le Pakistan. De son côté, le Pakistan rejette cette accusation, tandis que de nombreux Cachemiris musulmans considèrent les militants comme les acteurs d’une lutte pour la liberté née localement.

Suspension du traité sur les eaux de l’Indus et expulsions diplomatiques

Parmi les mesures annoncées par l’Inde figure la suspension immédiate du Traité des eaux de l’Indus, en vigueur depuis 1960. Cette décision restera effective tant que le Pakistan, selon les autorités indiennes, n’aura pas renoncé de manière «crédible et irrévocable» à tout soutien au terrorisme transfrontalier.

Le poste frontalier intégré d’Attari, principal point de passage entre les deux pays, sera également fermé. Les ressortissants ayant franchi la frontière avec des autorisations valides sont invités à rentrer au Pakistan avant le 1er mai.

Enfin, l’Inde a déclaré «persona non grata» les conseillers militaires, navals et aériens présents à la Haute Commission pakistanaise de New Delhi, leur accordant un délai d’une semaine pour quitter le pays. L’Inde rappellera également ses conseillers de la Haute Commission à Islamabad, accompagnés de cinq membres de leur personnel. La taille des représentations diplomatiques des deux pays sera réduite à 30 personnes chacune, contre 55 actuellement.

L’Inde met fin au régime de visa SAARC pour les Pakistanais : départ obligatoire sous 48 heures

Les autorités indiennes ont également décidé de suspendre l’application du régime d’exemption de visa SAARC (South Asian Association for Regional Cooperation) à l’encontre des ressortissants pakistanais. Cette mesure prend effet immédiat, a annoncé le ministère des Affaires étrangères indien ce mercredi.

À l’issue d’une réunion du Cabinet Committee on Security (CCS), présidée par le Premier ministre Narendra Modi, le Secrétaire aux Affaires étrangères Vikam Misri a précisé que tous les visas délivrés précédemment dans ce cadre sont désormais annulés. Les ressortissants pakistanais actuellement en Inde en vertu de ce régime disposent d’un délai de 48 heures pour quitter le territoire.

« Les ressortissants pakistanais ne seront pas autorisés à se rendre en Inde dans le cadre du régime d’exemption de visa SAARC. Tous les visas SVES délivrés par le passé à des ressortissants pakistanais sont considérés comme annulés.», a déclaré M. Misri.

Le régime SAARC permettait à certaines catégories de personnalités — telles que des juges, parlementaires, diplomates, hommes d’affaires, journalistes et sportifs — de circuler librement dans la région sud-asiatique sans visa classique, via un document spécifique. L’Inde a décidé d’exclure le Pakistan de ce dispositif, qu’elle considère désormais comme incompatible avec ses priorités sécuritaires.

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