Le mouvement de grève des agents de TIGO Tchad met dans l’embarras Abdeslam Ahizoune

Après l’annonce du rachat de leur entreprise par Maroc Telecom, les agents de l’opérateur téléphonique tchadien, TIGO, ont déclenché, lundi dernier, une grève sèche et illimitée, pour revendiquer des droits sociaux et autres avantages. Une crise sociale qui paralyse déjà les activités de l’opérateur et met dans l’embarras Abdeslam Ahizoune, sachant qu’il a lui fallu l’appui personnel du président Idriss Déby Itno pour pouvoir conquérir le marché tchadien.

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99% des employés de Tigo Tchad ont observé la grève

La direction générale de ex-millicom Tigo Tchad et son personnel sont à couteau tiré après le lancement, ce lundi, d’une grève « sèche et illimitée » suite à l’annonce du rachat du premier opérateur tchadien par Maroc Telecom. Les négociations n’ont pas réussi à calmer les grévistes et l’arbitrage de l’inspection du travail n’a rien donné non plus.

Réunis, ce mercredi 27 mars 2019, dans une assemblée générale à la bourse de travail de N’Djamena, après trois jours de grève, les agents de l’ex-millicom Tigo Tchad ont reconduit unanimement leur action suite au refus de leur doléances par la direction générale, à laquelle ils reprochent de ne pas vouloir faire de concession ni de propositions concrètes.

« Nous avons décidé de poursuivre notre mot d’ordre de grève jusqu’à la satisfaction totale de nos revendications » ont-ils annoncé.

« Nous revendiquons juste l’application et le respect strict de notre convention » a scandé l’assistance pour dire non à la reprise de travail après la lecture d’un compte rendu réalisé par un comité de réflexion, chargé de mener les négociation avec la direction générale.

« Quand l’adversaire monte le niveau de tergiversation, l’autre adversaire doit montrer la vitesse d’action. Donc nous avons des actions qui seront menées pour prouver à cet employeur, que nous sommes des personnes intelligentes, nous avons étudié, nous avons été employés sur la base de nos compétences et nous ne voulons que l’application du français qui a été écrit dans la convention », lance une gréviste devant l’AG.

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Assemblée générale des gréviste à la bourse de travail de N’Djamena

« On revendique simplement nos droits. On a servi cette boite, elle nous a appris l’intégrité et aujourd’hui on se rend compte qu’on est lésé », s’est indigné un autre employé.

« La grève est pour nous, une façon d’exprimer notre mécontentement et de dire à millicom que nous ne sommes pas d’accord avec ce qu’il fait et que la justice doit être rendue », précise le représentant du comité de réflexion, avant d’ajouter que « si la direction prouve sa bonne foi et accepte de négocier et reconnaître les dispositions de l’article 5 telles que décrites dans la convention, la grève prendra fin»

Une convention collective signée en 2016, à l’origine du mouvement social

Le personnel de Millicom Tigo Tchad a attendu seulement quatre jours après l’annonce du rachat de leur entreprise par Maroc Télécom, le 14 mars 2019, pour remettre un préavis de grève sèche et illimité dont la date a été fixée pour le 25 mars 2019. Les six jours de préavis n’ont pas permis de stopper la grève, malgré les tentatives de négociations amorcées par la Direction générale.

Il est à noter que ce mouvement social trouve son origine dans une éventuelle contradiction et incompatibilité entre l’application d’une convention collective signée en 2016 et un article figurant dans une clause du contrat de rachat de Tigo Tchad par Maroc Telecom.

Alors que le comité de réflexion estime que l’opération de rachat est une opération de vente pure et simple de millicom Tigo Tchad, le management avance qu’il s’agit plutôt d’une vente de nature indirecte entre millicom Tchad et Maroc télécom, qui ne devrait pas induire l’application des articles 5 et 50b de ladite convention.

La Direction Générale s’est défendue après dans la presse, dans un article paru sur le quotidien tchadien, Le Progrès, estimant que ce mouvement social est né d’un problème d’interprétation des textes de certaines clauses de l’opération de rachat.

« L’entité Tigo reste juridiquement la même, la garantie et les conditions d’emploi sont protégées » a tenu à rassurer le management de l’opérateur.

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Versement total de leurs droits reconnus par la convention collective et garantie d’emploi de deux ans sont les principales revendications des grévistes

Observé par près de 99% des agents de la société, le mouvement de grève devrait se poursuivre jusqu’à la satisfaction totale des revendications des agents, avancent les membres du comité de réflexion. Les agents réclament à la direction de ex-millicom Tigo Tchad, le respect de ses engagements vis-à-vis de 300 employés concernés et revendiquent le versement total de leurs droits reconnus par la convention collective à laquelle la société avait accepté de s’y conformer.

Aussi, les grévistes exigent-ils de Maroc Télécom le maintien de l’ensemble du personnel pour une durée minimale incompressible de deux ans ainsi que le remboursement de 10 millions Fcfa qu’ils auraient dépensé en honoraires en conseil juridique.

Selon une source interne, afin de trouver un compromis qui pourra satisfaire les deux parties, un comité composé des syndicats, des représentants du personnel, du comité de réflexion, des délégués et des conseillers a été mis en place. Les discussions auraient commencé mais les deux parties n’ont pas jusque-là trouvé un terrain d’entente.

Un faux départ embarrassant pour Abdeslam Ahizoune

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Abdeslam Ahizoune reçu le 19 février 2019 par le président tchadien Idriss Déby Itno

Abdeslam Ahizoune, avait inscrit le Tchad dans son tableau de chasse bien avant 2014, afin d’étoffer davantage ses implantations africaines. Il s’était déplacé lui-même à N’Djamena, le 19 février dernier, où il a été reçu par le président Idriss Déby Itno, lui ouvrant ainsi les portes du marché tchadien.

Ce mouvement social auquel est confronté d’emblée, le puissant patron de Maroc Telecom, à cause d’un article d’une clause d’un contrat mal formulé ou mal pensé, met Abdeslam Ahizoune dans un embarras certain, surtout que le Maroc se doit, plus que jamais, d’être irréprochable dans la gestion de ses investissements en Afrique subsaharienne.

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