Avec plus de 207 milliards de dollars de transactions immobilières enregistrées en 2024, Dubai s’impose comme la première place immobilière du monde arabe, selon une étude du cabinet londonien Knight Frank.
Un poids lourd régional
Dubai a concentré à elle seule 53 % de la valeur totale des transactions immobilières réalisées dans le Conseil de coopération du Golfe (CCG), loin devant l’Arabie saoudite (75,7 Mds USD) et Abou Dhabi (26,2 Mds USD). Le classement des neuf marchés les plus actifs de la région confirme la domination de l’émirat :
Rang | Pays/Émirat | Valeur des transactions (2024) |
---|---|---|
1 | Dubai | 207 milliards USD |
2 | Arabie Saoudite | 75,7 milliards USD |
3 | Abou Dhabi | 26,2 milliards USD |
4 | Koweït | 12,1 milliards USD |
5 | Sharjah | 10,9 milliards USD |
6 | Oman | 8,75 milliards USD |
7 | Ras Al Khaimah | 4,1 milliards USD |
8 | Qatar | 4,0 milliards USD |
9 | Bahreïn | 2,8 milliards USD |
Une dynamique multifactorielle
Selon Knight Frank, cette performance exceptionnelle ne relève pas d’un simple effet de conjoncture, mais résulte d’une stratégie déployée depuis plus de deux décennies. Cinq facteurs clés expliquent cette ascension :
- Croissance démographique
La population de Dubai a dépassé les 3,65 millions d’habitants, avec une croissance annuelle de plus de 100 000 personnes, portée par l’attraction de talents qualifiés, d’entrepreneurs et de hauts patrimoines. - Afflux d’investissements étrangers
Dubai figure parmi les trois premières destinations mondiales pour les investissements directs étrangers (greenfield FDI) en 2023, attirant plus de 12,8 milliards USD, dont 40 % dirigés vers l’immobilier et les infrastructures. - Réformes de l’accès à la propriété
Plus de 152 nationalités ont investi à Dubai, facilitées par des mesures telles que les visas dorés de 10 ans, les résidences adossées à l’achat immobilier et des lois de propriété élargies. - Explosion du segment luxe et “off-plan”
Les ventes sur plan ont bondi de plus de 50 % en glissement annuel, tandis que les prix de l’immobilier de luxe ont enregistré des hausses de 16 à 25 %, plaçant Dubai en haut du classement mondial des marchés premium. - Investissements massifs en infrastructures
En 15 ans, plus de 100 milliards USD ont été investis dans les infrastructures physiques et numériques : métro, aéroports, zones intelligentes, et intégration de systèmes d’intelligence artificielle dans la gestion foncière.

Une vision de long terme
Pour les analystes, la trajectoire de Dubai repose sur une gouvernance cohérente, des réformes anticipatrices et une volonté de positionnement stratégique à l’échelle mondiale. Ce modèle, piloté depuis plus de vingt ans par le vice-président et Premier ministre des Émirats Arabes Unis, Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum, se distingue par sa capacité à allier vitesse d’exécution, sécurité juridique et ouverture internationale.
Une domination immobilière aux allures de soft power régional
L’hégémonie de Dubai sur le marché immobilier du Golfe dépasse les simples enjeux économiques. Elle révèle une stratégie plus large de projection d’influence par l’urbanisme et l’attractivité territoriale.
En captant la majorité des flux de capitaux, des talents et des résidences stratégiques, Dubai transforme ses tours et ses quartiers intelligents en actifs diplomatiques. Cette centralité dans les mouvements de personnes et de capitaux confère à l’émirat un rôle pivot dans l’architecture économique du Moyen-Orient élargi.
À mesure que le Golfe redessine sa hiérarchie interne, l’avance immobilière de Dubai devient une métaphore du glissement d’influence au sein du monde arabe : celle d’une ville qui ne revendique pas le leadership par la force, mais qui l’incarne par la maîtrise du temps long, l’organisation de ses institutions, et l’anticipation des besoins d’un monde post-globalisé.