Il n’a jamais cherché la lumière, mais elle finit toujours par le rejoindre. Dans un monde de discours, il incarne la méthode. Discret, constant, précis — Abdellatif Hammouchi incarne cette rigueur sans éclats, mais aux effets mesurés dans les cercles les plus fermés de la sécurité internationale. À Rabat, la France ne s’est pas seulement déplacée : elle a reconnu. En décorant l’homme, elle scelle un partenariat, recentré sur l’essentiel, où la confiance ne s’annonce pas — elle s’éprouve.
Le Royaume du Maroc et la République française ont franchi, ce mardi à Rabat, un seuil majeur dans leur coopération policière avec la signature d’un plan d’action conjoint entre la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) et la Direction Générale de la Police Nationale française (DGPN).
Paraphé par M. Abdellatif Hammouchi, Directeur général du pôle Sûreté nationale et Surveillance du territoire, et M. Louis Laugier, Directeur général de la Police nationale française, en présence de Christophe Lecourtier, Ambassadeur de France à Rabat, cet accord marque une volonté partagée de structurer une réponse coordonnée aux menaces transnationales et de projeter la coopération bilatérale vers un partenariat stratégique renforcé.

De la coopération à l’ingénierie conjointe
Il ne s’agit ni d’un simple échange de bons procédés entre appareils sécuritaires, ni d’un geste symbolique entre deux capitales partenaires. Ce qui s’est joué à Rabat, ce mardi 24 juin, entre Abdellatif Hammouchi et son homologue français Louis Laugier, touche à la mécanique fine des relations sécuritaires entre deux pays, entamant un nouveau chapitre du nouveau livre de leur relation historique.

Ce plan d’action érige une cartographie commune des priorités opérationnelles. Il prévoit la création de groupes conjoints spécialisés, capables de suivre en temps réel les dossiers sensibles : fugitifs recherchés, réseaux criminels transnationaux, menaces hybrides. Il ne s’agit plus seulement de partager des informations, mais de construire ensemble des protocoles, des pratiques et des réflexes.
Au-delà de la réponse tactique, l’accord institutionnalise des mécanismes de coopération structurelle, allant de la formation conjointe des personnels à l’assistance technique en matière de gestion des grands événements, en passant par le partage d’informations sensibles et l’accompagnement opérationnel.
Une coopération d’égal à égal qui s’appuie sur des décennies de liens informels, mais qui désormais s’institutionnalise, s’élargit, se durcit – sans perdre en fluidité.
Paris reconnaît son allié le plus sûr
À l’issue de cette rencontre, le gouvernement français a décoré Abdellatif Hammouchi de l’insigne d’Officier de la Légion d’Honneur, l’une des plus hautes distinctions de la République, remise solennellement par l’Ambassadeur de France.
La remise de la Légion d’Honneur à M. Hammouchi n’est pas qu’un hommage protocolaire. C’est, côté français, la reconnaissance d’un partenaire à la fiabilité prouvée, sur les dossiers les plus sensibles : lutte antiterroriste, renseignement de terrain, protection des grands événements.

Le directeur de la police française, M. Louis Laugier, a tenu à saluer, sans détour, l’appui décisif des services marocains dans l’identification et l’interception de profils menaçants, le soutien actif à la sécurisation des Jeux Olympiques de Paris 2024, et l’efficacité des dispositifs conjoints.
Le Maroc, désormais copilote
Le déplacement de la délégation sécuritaire française et les discussions approfondies tenues avec son homologue marocain confirment une volonté commune : élever la coopération policière au rang d’instrument stratégique de projection de stabilité, à l’heure où les équilibres sécuritaires se recomposent entre Europe, Maghreb et Afrique subsaharienne.

Ce déplacement et la nature des échanges marquent également un glissement significatif : le Maroc n’est plus un simple partenaire régional de la France, il en devient un copilote stratégique sur les questions sécuritaires. Non plus un « relais » africain, mais un producteur de doctrine et de solutions, sur un pied d’égalité avec les grandes capitales européennes.
La sécurité est ici un langage diplomatique de précision, où les gestes, les décorations, les feuilles de route et les silences disent autant que les mots. Et dans ce langage-là, Rabat parle désormais couramment – et parfois en avance.