Plusieurs articles de presse ont fait état dans les semaines écoulées d’une éventuelle nomination de Salaheddine Mezouar ou Hassan Bouhemou à la tête de Bank al-Maghrib en remplacement de Abdellatif Jouahri qui a atteint la limite d’âge. Mais nombre de contraintes font que ce choix ne sera peut-être pas possible. Alors que plusieurs éléments vont dans le sens de la désignation de Noureddine Bensouda en qualité de futur Gouverneur de la Banque centrale.
La fonction de Gouverneur de l’Institut d’émission nécessite indépendance, intégrité et probité intellectuelle et morale. Qualités réunies chez Abdellatif Jouahri qui, malgré les quelques couacs en fin de mission, a continué à jouir d’un certain consensus dans les rangs des opérateurs économiques et des partenaires institutionnels.
Son successeur devra bénéficier des mêmes qualités et aptitudes pour pouvoir diriger la Banque d’Etat. Le nom de Salaheddine Mezouar a beaucoup circulé dans les salons et repris par certains médias. De même que le nom de Hassan Bouhemou, ex-patron de SNI.
L’ancien ministre de l’Economie et des Finances, qui a sans aucun doute les compétences requises pour diriger un grand groupe financier ou tout autre établissement public d’envergure, ne peut vraisemblablement pas être investi Gouverneur de Bank al-Maghrib pour une raison très simple : il est étiqueté politiquement et a dirigé une formation politique dont il est toujours membre du Bureau politique. Il n’est donc ni indépendant ni autonome. Il a en outre beaucoup d’intérêts politiques, énormément d’adversaires et certainement autant d’amis, alors que le Gouverneur de la Banque centrale doit être nécessairement neutre et impartial.
De plus, Salaheddine Mezouar, n’a pas encore soldé le dossier du crédit personnel qu’il traîne avec BMCE Bank of Africa et impliquant ses deux enfants et ce dans l’affaire dite «Sindibad Beach Resort» (cf. LeConfidentiel by le1.ma , N°1, Mars 2017), ce qui rend l’ancien chef de la diplomatie inéligible à cette haute fonction.
De son côté, l’ancien président de la SNI, Hassan Bouhemou, s’il a l'avantage de son jeune âge et sa grande capacité de travail, pèche lui aussi par son défaut d’indépendance vu qu’il demeure organiquement lié à une nébuleuse d’opérateurs économiques et de personnalités influentes qui viendraient biaiser sa liberté de trancher quand il faudra trancher.
Fait insolite, au lendemain des premières rumeurs sur sa désignation en tant que Gouverneur de Bank al-Maghrib, Hassan Bouhemou a vite fait créer une page Wikipédia relatant son parcours et sa carrière et le désignant candidat à la direction de l’OCP ou la CDG.
En revanche, l’actuel trésorier général du Royaume, Noureddine Bensouda, serait le mieux placé pour hériter de ce poste sensible et stratégique. L’ancien camarade de classe de Mohammed VI au Collège royal n’est pas apparenté politiquement et a toujours su garder des rapports équidistants avec les différents partenaires et opérateurs économiques ou institutionnels.
Et onze ans à la tête de la direction générale des Impôts, ont permis à Noureddine Bensouda de se forger le profil idoine pour succéder à Abdellatif Jouahri qui a beaucoup de sympathie pour lui. Lors d’un événement récent, l’échange d’amabilité entre les deux hommes n’a pas laissé indifférent et peut-être même que Jouahri a clairement manifesté sa préférence quant à l’identité de son successeur.
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