Cinq mois et demi après le closing, le voile se lève enfin. Ce mardi, au cœur de Casablanca, les portes de l’ancien siège de Société Générale Maroc, Bd Abdelmoumen, ont laissé apparaître les premières lettres d’un nouveau récit bancaire : Saham Bank. Un nom court, franc, marocain. Un acte de souveraineté financière porté par Moulay Hafid Elalamy, scellant la transformation d’un monument bancaire à l’ADN français en fleuron national.
Cette opération marque, en à peine deux ans, la deuxième reprise d’une banque française de référence par un groupe marocain. Après Holmarcom et Crédit du Maroc, c’est au tour du Groupe Saham de prendre les commandes, dans un momentum révélateur : celui d’une économie marocaine qui n’absorbe plus seulement les modèles importés, mais qui les redessine avec audace.
L’empreinte MHE : rigueur militaire, tempo industriel
Ce que la conférence de presse a dévoilé, au-delà d’un simple naming, c’est un chantier titanesque mené à un rythme quasi-militaire. Les témoignages des membres du directoire, à peine voilés, ont laissé entrevoir la pression exigeante de Moulay Hafid Elalamy. Une pression d’architecte, d’industriel, d’homme de défis.
Du déraccordement progressif des produits Société Générale à leur remplacement par des offres améliorées, en passant par une refonte totale de l’identité visuelle, visible dès les portes du siège jusqu’aux interfaces digitales, chaque détail compte. Et surtout, une promesse radicale : un service bancaire 7j/7, 365 jours par an, jamais vu dans le paysage bancaire marocain. Un saut culturel, une onde de choc organisationnelle qui implique un change management profond.
Ahmed El Yacoubi, la pondération du banquier
Face à cette vision intense, presque fébrile, Ahmed El Yacoubi incarne l’ancrage. Sa parole est calme, pesée, construite. Il n’a pas promis de révolution, mais une inflexion maîtrisée, une montée en excellence dans le respect d’un métier régulé, où la responsabilité est systémique et la prudence… une règle suisse imposée à tous. Sa posture de banquier rassure : il ne s’agit pas de casser, mais de transformer. Et surtout, il joue collectif. Dès les premières minutes, il met en lumière ses équipes, les associe au récit, les place au centre de l’image.
Son affirmation est subtile mais forte : « Aucun client ne nous a arbitrés », dit-il. Traduction : la confiance est restée. Et c’est un capital bien plus stratégique qu’un logo ou un slogan.
Une marque nouvelle, une promesse claire
Le logo ? Vert et rouge. Deux couleurs qui n’ont rien d’innocent. Elles disent la marocanité assumée, la confiance institutionnelle, l’ambition sans emphase.
La signature ? « Accélérateur de vos ambitions. » Elle porte le souffle MHE : sobre, directe, sans surenchère, mais infusée de cette célérité du tycoon marocain qui transforme une ambition en trajectoire.
Ce n’est pas une promesse d’ultra-modernité désincarnée. C’est l’engagement d’un service juste, à hauteur d’homme. Un service qui ne reporte pas les frais de structure sur le petit client ou la TPE, qui comprend les nouvelles attentes en matière de crédit, de patrimoine, d’investissement, tout en s’adaptant aux défis de la fintech, de la cybersécurité, de la rareté des ressources.

Un fond vert comme la stabilité, la fiabilité mais aussi la fertilité. À l’opposé un ocre rouge, calligraphié à la main, comme l’élan, le feu du mouvement. On y reconnaît la fougue entrepreneuriale de MHE.
Une alchimie marocaine en devenir
La transformation d’une banque centenaire, historiquement étrangère, n’est jamais anodine. Elle aurait pu être brutale ou clinquante. Elle se révèle ici maîtrisée, structurée, portée par une vision d’entrepreneur d’État qui connaît les codes et les défis d’un système bancaire national en pleine mutation.
Nous avons gagné un actif, oui. Mais plus encore : un levier stratégique, un banc d’essai pour réinventer la relation bancaire au Maroc. Et un signal fort : celui d’un secteur privé marocain qui n’attend plus les occasions, mais qui les provoque.