Sous l’ombre du «Merkavot Gideon B», l’Égypte craint un déplacement forcé des Gazaouis 

L’Égypte vit sous tension à l’approche de la deuxième phase de l’opération israélienne “Merkavot Gideon B”. Selon des sources diplomatiques citées par des médias du golfe, le Caire intensifie ses contacts avec Washington, redoutant que Tel-Aviv ne franchisse la frontière pour forcer les habitants de Gaza vers le Sinaï.

Durant trois jours consécutifs, Le Caire a multiplié les déclarations dénonçant les “crimes de guerre” de l’armée israélienne et les velléités de déplacement forcé de populations. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a dressé une ligne rouge : l’Égypte ne sera jamais la “porte du transfert” palestinien. La rhétorique employée, soutenue par un front médiatique virulent, illustre un changement de registre où la retenue diplomatique cède la place à l’affirmation d’un refus catégorique.

En réponse, le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a évoqué le “droit fondamental de chacun à choisir son lieu de vie”, insinuant que l’opposition égyptienne revient à enfermer les Gazaouis dans une zone de guerre. Cette inversion accusatoire traduit l’ampleur de la fracture politique entre les deux voisins.

Le spectre de l’ingénierie démographique

Au-delà de l’échange de communiqués, Le Caire identifie dans les discours israéliens une menace directe : la volonté de modifier le paysage démographique régional en vidant Gaza de ses habitants. Un tel scénario serait perçu comme une atteinte à l’équilibre stratégique issu des accords de Camp David et une remise en cause des fondements mêmes de la paix israélo-égyptienne.

Des responsables égyptiens rappellent l’histoire : trente ans de guerre suivis de quarante-six ans de paix fragile. Pour Le Caire, un basculement forcé de populations équivaudrait à une agression silencieuse visant la stabilité du Sinaï et la profondeur stratégique du pays.

Pression internationale et relais arabes

Face à ce risque, la diplomatie égyptienne active deux leviers :

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  • Washington, par un dialogue intensif destiné à rappeler les “lignes rouges” et à prévenir toute tentation israélienne de franchir le Rubicon.
  • Les capitales arabes, mobilisées pour soutenir Le Caire et dissuader Netanyahou de concrétiser une stratégie de déplacement.
Une ligne rouge… encore négociable ?

Si Le Caire répète à l’envi que Rafah constitue une ligne rouge intangible, certains analystes estiment que la fermeté égyptienne relève aussi d’une stratégie de négociation. Pour le président Abdel Fattah al-Sissi, la véritable question n’est pas de principe mais d’équilibre : Washington et Tel-Aviv n’ont pas, pour l’heure, apporté de garanties suffisantes pour un deal jugé “équitable” du point de vue du Caire.

En d’autres termes, seule une équation incluant un engagement américain clair – sur la sécurité du Sinaï, sur une perspective politique pour la Palestine et sur un soutien financier massif – pourrait infléchir la position égyptienne. À défaut, la menace d’un basculement démographique reste perçue comme un danger existentiel, face auquel l’Égypte se pose en dernier rempart.

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