L’an prochain à Al Qods

L’arrivée au pouvoir à Washington d’une nouvelle administration et la rapidité avec laquelle le nouveau locataire de la Maison Blanche a décidé de reconnaître Al-Qods comme capitale de l’État d’Israël et de transférer son ambassade dans la Ville Sainte, ont chamboulé les équilibres géopolitiques traditionnels dans une région à feu et à sang de Baghdad à Tripoli et de Aden à Damas. Si la cause centrale de la Oumma islamique reste la question palestinienne, ce vendredi, où l’on commémore la “Journée Internationale de la Terre”, les israéliens ont commis un véritable carnage à Gaza faisant des dizaines de morts et de blessés palestiniens innocents dont le seul tort est de réclamer le droit de retour à la terre des aïeux. La nomination à “DC” d’un faucon en tant que Conseiller à la sécurité nationale américaine est lue par Tel-Aviv comme un blanc-seing pour déployer toute la force de Tsahal contre un peuple désarmé en violation du droit international. Dans son éditorial de la semaine, publié dans le magazine Maroc Hebdo, le politologue Mustapha Sehimi, qui est également professeur de droit et avocat au barreau de Casablanca, revient sur le rôle incessant du Maroc et du président du Comité Al-Qods pour trouver une issue juste et définitive à cette question épineuse. LE1.ma reproduit ce texte dans son intégralité avec l’accord de l’auteur.

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C’est urgent, il faut unir les rangs afin de mieux défendre la cause palestinienne et sa capitale éternelle, Al Qods.

Le Maroc et Al Qods! C’est l’actualité avec la visite, mardi 27 mars 2018, de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, à Ramallah. Il y a été reçu par Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne. Il s’est également rendu à Al Qods pour y faire la prière d’addohr à la mosquée Al Aqsa. Un symbole, des symboles même, oui, bien sûr, mais aussi un signe fort de l’attachement du Maroc et des Marocains à cette troisième Ville Sainte de l’Islam.

Al Qods est toujours présente dans l’histoire du Royaume et dans la mémoire collective du peuple marocain. Un auteur a même parlé à cet égard d’«une passion marocaine». Une passion pour le droit, la paix et la liberté, pour l’humanité, pour tout dire. Depuis toujours, le Maroc a âprement plaidé et défendu pour que tout soit fait pour trouver les voies et les moyens d’un règlement définitif du conflit israélo-arabe et israélo-palestinien, toujours incandescent depuis soixante-dix ans, entretenu de manière récurrente par des braises ardentes…

S.M. Mohammed VI, qui a succédé à Hassan II à la présidence du Comité Al Qods, sera toujours en première ligne contre la judaïsation d’Al Qods.

C’est en mai 1979, à Fès que la conférence ministérielle de l’OCI (Organisation de la conférence islamique) crée le Comité Al Qods. Le Maroc a ainsi réussi à orienter l’engagement des 16 premiers pays arabo-musulmans fondateurs vers cette Ville Sainte. Elle a des spécificités propres même si elle est un chapitre important sinon décisif de la question globale posée au Proche-Orient. Elle est ainsi non pas un instrument ni un vecteur de confrontation civilisationnelle avec Israël, mais elle n’a pas d’autre objectif que de préserver l’essence millénaire de cette ville, son caractère de lieu saint fédérant les trois grandes religions du Livre. C’est dans cette même perspective qu’a été créée en 1995 l’Agence Bayt Mal Alqods Acharif, dont le siège est à Rabat, apportant aide et soutien à la population et sauvegardant son patrimoine religieux, culturel et architectural.

Al Qods est toujours présente dans l’histoire du Royaume et dans la mémoire collective du peuple marocain.

S.M. Mohammed VI, qui a succédé à Hassan II à la présidence du Comité Al Qods, sera toujours en première ligne contre la judaïsation d’Al Qods. Ses efforts sont constants; ses contacts réguliers avec les chefs d’État continuent; les concertations avec le président de l’État palestinien sont permanents. Il s’agit, par tous moyens, de contrer les plans israéliens visant, de mille et une façons, de changer son statut juridique et même sa structure démographique. L’analyse royale est sans cesse réitérée, c’est que la question d’Al Qods est un élément essentiel et déterminant des multiples interactions et agitations nées du conflit du Moyen-Orient; qu’elle a fait l’objet depuis des décennies de résolutions onusiennes; et que celles-ci insistent sur la préservation du cachet juridique spécial d’Al Qods orientale, comme territoire occupé. L’actualité des quatre mois écoulés, depuis le 5 décembre 2017, a fortement bousculé les données avec la nouvelle administration américaine de Donald Trump. Le nouveau locataire de la Maison Blanche a, en effet, décidé de reconnaître Al Qods comme capitale de l’État d’Israël et de transférer son ambassade dans la Ville Sainte. Le Maroc a vivement réagi en exprimant sa «profonde préoccupation» et en condamnant fermement cette décision.

Il nous faudra, nous aussi, entretenir et nous mobiliser pour pouvoir dire «l’an prochain à Al Qods»!…

Celle-ci est incompatible avec les résolutions 2253 et 2254 de 1967 de l’Assemblée générale de l’ONU; elle est également contraire aux accords et ententes entre les parties palestinienne et israélienne; enfin, elle disqualifie pratiquement l’administration américaine pour relancer le processus politique en éliminant toutes les opportunités de paix. S.M. le Roi, dès le lendemain, interpelle Donald Trump, au nom des 57 États formant l’OCI et «représentant plus d’un milliard de citoyens». Le Souverain fait part de sa «profonde préoccupation personnelle» ainsi que de la grande inquiétude ressentie par les États et les peuples arabes et musulmans. Le 21 décembre, lors des travaux de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Maroc était parmi les 128 pays ayant voté contre la décision américaine de faire d’Al Qods la capitale d’Israël.

Il faut faire face, c’est urgent, unir les rangs afin de mieux défendre la cause palestinienne et sa capitale éternelle, Al Qods. Il nous faudra, nous aussi, entretenir et nous mobiliser pour pouvoir dire «l’an prochain à Al Qods»!…


Par Mustapha Sehimi

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